Cette année, les tomates ont atteint des prix remarqués entre 5 et 7 euros le kilo en moyenne, avec des pics observés jusqu’à 12 euros. En cause, une baisse drastique de la production due à un fléau : la cécidomyie de la tomate. Cette petite mouche identifiée en 2015, pond ses larves dans les fleurs des tomates, et est en train de bouleverser l’économie agricole locale. Elle affecte tant les professionnels que les jardiniers du dimanche.
L’Interprofession guadeloupéenne des fruits et légumes et de l’horticulture (Iguafhlor) passe à une phase expérimentale. Mi-octobre, une délégation s’est rendue à la Direction générale de l’alimentation au ministère de l’Agriculture à Paris pour demander des dérogations d’usage d’insecticides. Une autorisation temporaire pour l’Altacor, un produit très toxique pour les organismes aquatiques, a été obtenue. La dérogation pour l’Altacor apparaît comme un compromis qui illustre la tension entre la sauvegarde de la production agricole et la préservation de l’environnement.
Les conséquences de la cécidomyie sont dévastatrices : « Chez les professionnels, la baisse de rendement peut aller jusqu’à 90 % », rapporte Iguafhlor. Les jardiniers amateurs, eux aussi touchés, voient leurs pieds de tomates dépourvus de fleurs sans comprendre l’origine du problème.

Dans une courte vidéo diffusée ce lundi 2 décembre, l’iguafhlor fait témoigner Caroline Noirault qui cultive près de 30 hectares de tomates à Saint-François et Petit-Canal. L’agricultrice décrit le cycle destructeur de la cécidomyie : « Ça ressemble à une petite mouche qui va pondre des larves dans les boutons floraux des tomates, mais aussi des poivrons et des piments. Ces larves se nourrissent de la fleur et deviennent des mouches adultes, qui volent préférentiellement la nuit. Il n’existe actuellement aucun produit phytosanitaire de contact capable de les éliminer ».
L’utilisation de l’Altacor est autorisée depuis 2020 sous serre et avec des précautions strictes pour protéger les abeilles. L’absence de solution claire contre la cécidomyie laisse les agriculteurs démunis. « Nous avons identifié l’espèce et travaillons avec les ingénieurs pour explorer différentes pistes », mais il est encore trop tôt pour prévoir une issue explique Caroline Noirault.
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