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Régionales : Ary Chalus se déclare candidat

ÉLECTIONS RÉGIONALES

Le député-maire de Baie-Mahault a ouvert les hostilités en se déclarant candidat aux élections régionales de décembre prochain. Cette fois la campagne est bel et bien lancée.

C’est fait. Officiel. Ary Chalus se lance dans la bataille des régionales. Le député-maire de Baie-Mahault l’a annoncé lui-même, vendredi 19 juin dernier sur RCI. Il a très sommairement expliqué sa démarche évoquant trois raisons principales : la situation économique de la Guadeloupe qu’il juge catastrophique se basant sur les derniers chiffres de l’IEDOM, le taux de chômage élevé, et sa volonté de réunir tous ceux qui veulent travailler pour la Guadeloupe. Ce faisant, Ary Chalus a cité plusieurs noms qu’il est prêt à accueillir sur sa liste. Un ensemble pour le moins hétéroclite allant d’Élie Domota à Élie Califer en passant par Alain Plaisir et Marie-Luce Penchard. Une liste  » Ary Chalus  » a tenu à préciser le candidat et non une liste GUSR. Cette posture d’Ary Chalus n’est pas étonnante. L’homme a toujours fui les appareils de parti, même s’il a développé au gré des circonstances des rapports chaleureux avec des personnalités de tous bords de la classe politique. «  Ni droite, ni gauche  » a souvent revendiqué Ary Chalus. Une façon de s’estampiller  » Guadeloupe d’abord « , comme en son temps Lucette Michaux-Chevry qui pourtant naviguait toute barre à droite. En réalité, Ary Chalus veut ratisser large, manière pour lui de susciter une ample adhésion à son entreprise.

Une candidature sans surprise

Par ailleurs, l’annonce de la candidature du député-maire de Baie-Mahault n’aura pas surpris grand monde. La rumeur bruissait déjà depuis quelques temps. Certains proches du maire affirmaient avec force qu’il irait. D’autres se faisaient plus vagues.  » Mais non ce n’est qu’un ballon d’essai. On regarde si ça prend « . Visiblement, Ary Chalus est convaincu que ça prend. Mais en a-t-il seulement douté ? Pas sûr. Depuis sa victoire aux législatives, le nouveau député avait pris ses distances avec Victorin Lurel, engagé contre lui dans la bataille des législatives au profit de Max Mathiasin. Ironie du sort, aujourd’hui, les deux hommes qui se battaient pour la troisième circonscription sont maintenant du même côté. Iront-ils jusqu’à faire cause commune et se retrouver sur la même liste ? Il faut voir ! Ary Chalus qui la joue en chrétien qui aime son prochain y compris ses adversaires politiques donc Victorin Lurel, a prévenu. Si Max Mathiasin vient régler des comptes avec l’actuel Président de région, il peut rester chez lui. Voilà un message pour le moins abrupt qui n’augure pas des retrouvailles chaleureuses.

Un sondage encourageant

L’épisode juridico-administratif où on a vu l’État imposer à Baie-Mahault le choix de Cap excellence est resté aussi au travers de la gorge d’Ary Chalus. Lui qui avait fait toute sa campagne sur le thème Baie-Mahault appartient et restera fidèle à la communauté d’agglomération du Sud Basse-Terre. Il l’a très mal digéré. À tort ou à raison Ary Chalus a toujours vu derrière cette décision la main de Victorin Lurel. Et puis le coup de massue est venu après ce qu’il faut bien appeler la défaite du GUSR aux élections départementales de mars dernier. Ary Chalus n’a pas supporté qu’en dépit de la défaite de son parti, Jacques Gillot ne soit pas reconduit à la tête de l’Assemblée départementale. Une mascarade avait-il éructé, reprochant aux élus leur absence de fidélité à l’égard de Jacques Gillot. Mais pouvait-il en être autrement dès lors que Gillot et Lurel s’étaient depuis belle lurette déclaré en guerre. Depuis, de réunions en réunions pseudo-secrètes, où se retrouvaient Olivier Serva, Jacques Gillot, Dominique Théophile au tout début, Guy Losbar, puis Marie-Luce Penchard et Aramis Arbaud la présence de ces deux derniers traçant déjà un axe quant au choix de ces élus de droite, l’idée d’une candidature Chalus avait déjà pris forme. Le sondage Qualistat fort à propos est venu donner un peu plus de corps à la démarche. Comme pour rassurer le candidat et marquer les esprits. La candidature s’est concrétisée officiellement vendredi 19 juin dernier. Mais c’était bien avant déjà un secret de polichinelle.

 

RASSEMBLEMENT?

La stratégie Chalus peut-elle prospérer ?

La méthode d’Ary Chalus est théoriquement très simple. L’idée c’est de réunir tous ceux qui auraient pour une raison ou une autre, des griefs contre Victorin Lurel. À dire vrai, ils ne doivent pas manquer. Et on peut facilement se laisser tenter par l’idée qu’après tout, il n’y a là rien de très difficile. Sauf que pour simple qu’elle soit, l’idée peut se révéler compliquée à mettre en œuvre. Car, si être contre peut paraître facile, réunir, rassembler, construire est bien plus ardu. Surtout si par définition on a affaire qu’à des chefs. Par ailleurs, à droite, la stratégie se révèle des plus floues pour ne pas dire hasardeuse. On sait depuis longtemps que Marie-Luce Penchard n’est plus dans les petits papiers de Nicolas Sarkozy. C’est d’ailleurs le saint-martinois Daniel Gibbs qui a été nommé par l’ancien président de la République comme secrétaire général du comité de l’outremer pour le parti de droite. Quel intérêt Nicolas Sarkozy, éventuel candidat à la présidentielle peut-il tirer d’une alliance de son parti aux régionales avec Ary Chalus qui, quoiqu’il dise a surtout frayé avec le GUSR ces derniers temps ? Des élections régionales où la droite se noierait dans un décompte anonyme sans pouvoir se situer ne sont pas vraiment rentables pour l’éventuel candidat Sarkozy. Ce dernier a tout intérêt à aller fixer les voix de droite, et préparer dès maintenant la reconquête de son électorat, en vue de la présidentielle où, chaque voix comptera. Cela explique aussi au-delà de son différend avec Marie-Luce Penchard, l’attitude de Laurent Bernier pas vraiment pressé d’entrer dans l’attelage, et qui attend un signe de Paris. Mais au-delà de Laurent Bernier, on dit aussi que de nombreux militants de droite seraient plutôt partisans de présenter une liste de leur camp aux prochaines régionales. Pas simple !

 

ACTIVITÉ PARLEMENTAIRE

Ary Chalus, électron libre

Son rythme n’est certes pas celui du travail parlementaire ! Impatient, virulent, le député Chalus n’est pas un godillot et braque régulièrement le gouvernement, voire certains de ses collègues. Ce qui paraît nuire à son efficacité, mais pas à sa combativité. Et puis, pour une fois qu’un homme politique sort du moule…

Lorsqu’il s’était présenté aux législatives de 2012, il avait pour profession de foi de se mettre  » au service des autres « . Et depuis, en effet, il est à l’Assemblée nationale le relais fidèle entre les revendications de ses administrés et des enseignants, soignants, avocats et consorts, et le gouvernement. Et l’on sent au ton agacé de certaines réponses, qu’assez souvent les ministres qui en sont la cible se sentent assez harcelés par ces sollicitations répétées !

Ary Chalus agace aussi sans doute par son activité débridée. Il s’est livré dans l’hémicycle au cours des douze derniers mois à 41 interventions longues, a posé 9 questions orales, et a déposé 942 amendements ! Sans compter 5 questions écrites. Une participation qui le situe parmi les plus interventionnistes de ses confrères, mais qui reste néanmoins un peu superficielle : pas de rapport, pas de proposition de loi (seulement 5 cosignées). C’est que ses centres d’intérêt multiples ne favorisent peut-être pas un travail de fond : le député tout-terrain se mêle à la fois d’aménagement du territoire, de développement économique, de transition énergétique, de coopération régionale, de santé, de sécurité, de pouvoir d’achat ou de réduction des inégalités. S’il s’attache en premier lieu à défendre les intérêts de la Guadeloupe, il ne lésine pas non plus sur les sujets nationaux, des nominations à la tête des grands équipements culturels à la gestation pour autrui (GPA) en passant par le code antidopage, l’implantation de stades à Paris ou… l’équipement hivernal des véhicules !

Un député peu patient

Il a pourtant une priorité : les jeunes, leur insertion, leur éducation, pour lesquelles il se bat avec pugnacité. Mais, le député guadeloupéen ne semble pas avoir perçu que les séances publiques ne sont que du théâtre et que le vrai travail s’effectue dans les coulisses, dans les commissions notamment, et il n’est pas très présent dans la sienne, celle des Affaires culturelles et de l’Éducation. Est-ce pour cela qu’Éric Jalton a conseillé à son  » ami Chalus  » de  » laisser faire ceux qui ont l’expérience requise  » ?… Outre le fait que la présence du député Jalton reste elle-même assez inconsistante, l’un des problèmes est surtout l’impatience dudit Chalus, qui vire parfois à la paranoïa. Il se plaint qu’on ne l’écoute pas,  » qu’on ne lui réponde pas, que les dirigeants réservent leurs annonces directement pour la population lors de leurs déplacements « . Mais cette pratique, assez démagogique certes, est courante. Bien sûr les ministres mettent un temps fou à répondre à ses questions écrites, mais c’est le cas pour la majorité des députés. À son courrier du 19 mai sur les traitements des fonctionnaires, la ministre de la Fonction publique a tout de même répondu moins d’un mois plus tard, tous les parlementaires ne peuvent pas en dire autant. Et lorsque les ministres ne répondent pas du tout (exemple : l’Epide), ou tardivement (exemple : les sargasses) eh bien, c’est qu’ils n’ont pas la réponse ou n’ont pas encore pris la mesure du problème !

Politiquement incorrect

Cela dit, cette impatience irrite, comme désarçonne cet  » objet politique non identifié « . D’abord député non-inscrit, il a rejoint le Radical, Républicain, Démocrate et Progressiste, groupe (RRDP) tout en se disant  » libre  » au sein de son groupe et lançant :  » Même si je suis ancré dans la majorité présidentielle, je ne serai pas un député suiviste « . Moyennant quoi il s’autorise régulièrement des comportements politiquement incorrects. Ses interventions débutent souvent de façon agressive :  » La baisse des crédits consacrés à la diversification agricole nous semble incompréhensible « , ou encore :  » Faut-il attendre qu’un drame impliquant des jeunes se déroule pour que nous nous interrogions sur le rôle de l’école ? « . Lorsqu’il soutient le gouvernement, il trouve toujours le moyen d’ajouter un «  il était temps « , un  » on aurait pu faire plus « …

Quand il parle au nom de son groupe pour soutenir une proposition de loi sur les délais de paiement interentreprises, il déplore quand même qu’elle n’ait pas été intégrée à la loi Macron pour gagner du temps. Et quand ça ne va pas assez vite, il s’énerve : «  Il y a urgence « ,  » il est incroyable que rien ne se passe « , voire «  il faut faire une pétition «  ! La prudence diplomatique, il ne connaît pas – et il n’a pas non plus l’humour d’un Lurel pour enrober les piques. Il salue le  » travail formidable  » de la délégation aux Outremer, mais s’emporte et menace : «  Rien n’a changé. On se moque de nous ! Un jour on viendra en outremer quémander des voix, mais ce jour-là il sera trop tard « . Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il ne sert pas la soupe. Évidemment, ça rebute. Mais n’est-ce pas en grande partie ses sorties hors des sentiers battus de la politique qui expliquent sa popularité ?

 

DU TAC AU TAC

Jalton tire plus vite que son ombre

Il n’en a pas fallu longtemps à Éric jalton pour dégainer après l’annonce de la candidature d’Ary Chalus. Dès le lendemain, samedi, le député-maire des Abymes monte au créneau et vole dans les plumes de son premier vice-président à Cap Excellence. Aux dires d’Éric Jalton, Ary Chalus serait en substance un apprenti dictateur qui traite de haut les autres élus se prenant pour le sauveur de la Guadeloupe pour qui, lui seul travaillerait. Dans la foulée, un communiqué d’Audry Cornano arrive dans les rédactions. Le premier adjoint d’Ary Chalus explique dans son texte qu’il a accepté de nouvelles responsabilités au sein du conseil régional, qu’il apprécie de travailler avec Victorin Lurel et l’équipe auquel il appartient. Il dit aussi avoir informé Ary Chalus et le reste du conseil municipal de sa décision avant d’en informer la population. Bref, de quoi mettre un rat dans la tête d’Ary Chalus. Toutefois, le nouveau candidat ne s’est pas laissé démonter. Il dit trouver cela normal. Et croit pouvoir affirmer qu’Audry Cornano roule toujours pour lui. C’est d’ailleurs si vrai qu’il ne prendra aucune sanction contre son premier adjoint. Dont acte. Cela dit, on peut interpréter le communiqué comme on veut. En tout cas, voilà Audry Cornano hissé sur le toit de la Guadeloupe. La Guadeloupe entière a les yeux et les oreilles braqués sur lui. Mais il faudra encore attendre. Il paraît que l’homme aime prendre son temps. Mais le match est bel et bien lancé.

 

RÉGIONALES 2 015

Les décidés, les sereins, les optimistes… et les attentistes !

Jusqu’ici trois têtes de liste se sont fait connaître pour ces prochaines élections régionales. Victorin Lurel, candidat à sa propre succession, Ary Chalus, le chalenger récemment déclaré et Mélina Seymour (photo) à la tête d’ Guadeloupe », un groupe qui se voulait ouvert à tous, quel que soit les couleurs politiques.

Personnalités de droite, de gauche et nationalistes se retrouvent donc dans cette aventure qui démarre en 2014. Mais la mayonnaise ne prend pas car les idées politiques divergentes ont du mal à rentrer sous un même chapeau. L’idée d’une liste hétéroclite a trouvé ses limites et le Ary Chalus devrait avoir tout autant de mal à trouver un modus vivendi permettant d’aligner sur la même liste l’ancien secrétaire fédéral du PS local, l’ancienne ministre UMP de Nicolas Sarkozy et le leader du LKP. La formation politique présidée par Mélina Seymour s’est depuis épurée et à seulement 33 ans, la jeune femme se prépare à sa troisième bataille régionale. Repérée suite aux cantonales de 2004 au Moule, elle sera choisie par Daniel Marsin pour figurer en deuxième position sur sa liste aux régionales la même année puis en 2010, elle sera huitième sur la liste conduite par Blaise Aldo.

Ambition Guadeloupe envisage de jouer les trouble-fêtes entre les deux poids lourds déjà déclarés, voire créer la surprise au sortir des urnes le 6 décembre.

À droite on observe !

 » Je continue d’organiser les Républicains au niveau local, pour préparer les futures échéances électorales « , confie Laurent Bernier. Visiblement, en Guadeloupe, le parti de Nicolas Sarkozy n’est pas encore en ordre de marche et doit surtout régler ses zizanies internes. Allier naturel des Républicains, l’UDI peine quant à lui à sortir du bois ! Harry Olivier, son tout nouveau président consulte ses troupes afin de définir la stratégie du parti pour ces élections régionales. Il y a donc ceux qui y vont tête baissée, ceux qui avancent sereinement, ceux qui ont grand espoir et enfin ceux qui comptent encore leurs forces avant de s’engager dans la bataille.

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