Nous sommes depuis quelques décennies entrés dans un cycle nouveau. Celui où l’homme a entrepris de saccager sa propre demeure, la terre. Pour peu que son appétit vorace soit satisfait. Plus grand prédateur que la nature ait jamais porté, l’être humain tient à amplifier son penchant jusqu’à devenir sa propre proie. Il s’autodétruit. Nul ne sait combien de temps se poursuivra encore cette folle course vers le néant, ou si un vent de sagesse finissait par souffler sur le genre humain. Cela vaut tout de même le coup de se poser la question, même si le plus grand scepticisme quant à une soudaine crise de sagesse du destructeur prévaut. C’est que le dilemme n’est pas simple. D’abord parce que les termes de l’équation ne sont jamais clairement posés et tout est fait pour qu’il en soit ainsi. Combien de femmes et d’hommes savent par exemple, que les grandes firmes, sous prétexte de nous offrir le confort et même le luxe, ne poursuivent qu’un seul objectif : s’en mettre plein les poches sans jamais être rassasiés. Pris d’une gloutonnerie perpétuelle et exponentielle le » Roi profit » balaie tout sur son passage. Les scrupules essentiellement. Il n’a que faire des enfants de douze ans intoxiqués qui travaillent dans des mines, ni des produits nocifs qui rendent malades les consommateurs. D’ailleurs c’est plus simple. Le roi profit ne veut pas savoir.
Ensuite, une fois identifié le principal acteur de la mise à mort de notre planète, reste à débusquer ses idolâtres et ses suppôts. Ils ont pour nom multinationales, spéculateurs, consortiums, paradis fiscaux, holdings, sociétés écrans, etc. Enfin, les désigner est une chose. Pouvoir les combattre ou même leur résister est une tout autre histoire. Tout va plus vite. Tout le monde est connecté. France/Brésil de football se joue dans mon salon alors que je suis affalé dans mon divan. Je peux appeler qui je veux, n’importe où, de n’importe quel endroit. Mon téléphone portable est un vrai sésame. Je m’extasie sur la dernière application de la dernière marque bidule. En deux clics, je vois mon frère, mes amis, à Bruxelles, à Paris, à Rome… Difficile de résister à tant de facilités, à tant de commodité et disons le mot, à tant de luxe. L’habitude, le laisser-vivre, la mollesse, le refus de penser aussi, tout cela finit par vaincre le peu de conscience et d’énergie cérébrale que nous laisse un monde frénétique.
Face à un tel aveu de faiblesse le Terra Festival prend tout son sens. Il vient nous rappeler au moins une fois par an que nous sommes tous locataires de cette terre et que nous devons l’entretenir, la défendre, de sorte qu’elle soit habitable pour les générations qui suivront. D’une année à l’autre, les films traitent les mêmes problématiques, soulèvent les mêmes horreurs, dénoncent les mêmes injustices. Nous pourrions être tentés de croire que quoi que nous fassions nous n’y pourrons rien. C’est faux. À condition toutefois de passer le pas. À condition de nous impliquer personnellement. D’en faire un peu plus chaque jour dans la quête d’un environnement plus protégé, plus sain. Nous avons besoin aussi d’exemples, de leaders qui ouvrent la voie. En Guadeloupe c’est bien sûr toute l’équipe du Terra Festival qui accomplit depuis plusieurs années un énorme travail avec à sa tête Martine Sornay à qui Le Courrier de Guadeloupe consacre cette semaine sa Une. C’est aussi l’étonnant Guy Favand que nous avons rencontré cette année. Étonnant de disponibilité, d’engagement et d’exemplarité. C’est aussi l’occasion de souhaiter que le Terra Festival soit chaque année, plus grand, plus fort mieux réussi, avec des invités de qualité et des films toujours meilleurs. Pour cela, il faut que l’aide des pouvoirs publics et des collectivités soit chaque fois au rendez-vous. Tout simplement parce que le Terra Festival est une œuvre de salubrité publique.
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