La semaine dernière, j’ai fait état des dernières statistiques publiées par l’INSEE qui très clairement indiquent que le niveau de vie des Guadeloupéens a progressé de 53 % en dix ans, et que le seuil de pauvreté a diminué de manière significative en Guadeloupe. Mon propos d’ensemble consistait à dire que les chiffres de l’INSEE sont signe, que globalement les Guadeloupéens disposent aujourd’hui de moyens et d’un confort plus conséquents que dans un passé immédiat, et que les conditions de vie actuelle sont bien meilleures que dans les années 1980-1990. A fortiori plus avant. Il s’agissait de tordre le cou à cette propension au fatalisme et à cette manie que nous avons de peindre tout en noir quand beaucoup d’entre nous, comparés à nos proches voisins, roulons carrosse, et menons grand train. Alors que le goût de l’effort a été depuis un certain temps déjà, déprogrammé de nos gènes. Pour autant, cela ne signifie nullement que nous voguons sur un petit nuage et que les difficultés se sont, ou vont à jamais s’estomper. En réalité, les difficultés sont devant nous. Elles risquent cette fois de nous engluer pour de bon, si nous continuons à refuser de les regarder en face. La toute première et peut-être la plus importante c’est notre démographie. Non point seulement parce que notre population a très vite vieilli et continuera sur ce même rythme, mais surtout parce que cette population ne se renouvelle plus. Non seulement la génération actuelle fait de moins en moins d’enfants. Mais de surcroît, les jeunes lorsqu’ils sont éduqués et formés partent et ne reviennent pas. Selon les projections établis par l’INSEE, si les tendances démographiques récentes se maintiennent, dans 25 ans à savoir en 2040, la population guadeloupéenne sera de 404 000 habitants. – Nous étions un peu plus de 403 000 en 2010- La population ne croîtra plus. Les décès seront plus nombreux que les naissances et le déficit migratoire sera moindre. Le vieillissement de la population s’accélérera au point que les séniors représenteront quatre habitants sur dix. Les conséquences de ce scénario sont dramatiques pour le développement en général du pays, mais la plus brutale et la plus immédiate d’entre toutes, c’est que les retraites des aînés ne seront plus payées, puisque les actifs ne seront plus assez nombreux pour les financer. Mais au-delà, c’est tout le système de la couverture sociale qui sera remise en cause. Le deuxième caillou dans la chaussure de la Guadeloupe est d’ordre économique. Dans un contexte de concurrence mondialisée, notre vieux modèle économique colonial, fondé sur la rente et les monopoles organisés, nous mène droit dans le mur. L’injection permanente de l’argent public dans notre économie pour dynamiser une activité sectorisée, ne suffira plus. Il faudra un jour ou l’autre se conformer au principe de réalité et changer les règles du jeu économique. Ne plus faire croire que nous sommes dans une économie de marché alors que nous vivotons avec une économie administrée, dont certains – les mêmes — se pourlèchent les babines. Ce sont des enjeux éminemment politiques. Au sens noble du terme. Sur lesquels les Guadeloupéens sont en droit de connaître la vision de ceux qui briguent leurs suffrages. Ce sont des sujets dont peuvent naître de vrais débats qui permettront de poser les jalons d’un avenir maîtrisé. Pour le reste, les autres problématiques en souffrance et pour lesquels on ne voit poindre aucune perspective de solution sont : la sempiternelle inorganisation dans le secteur de la distribution de l’eau, et la persistance d’un transport public des personnes complètement anarchique. Le chantier des débats pour des propositions de politiques publiques est par conséquent grand ouvert. Aux candidats des prochaines élections régionales de s’en saisir, de montrer la voie, de proposer et de nous convaincre. Sans nous prendre pour des gogos, pour une fois il leur est permis de nous faire rêver !
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