Accueil Pouvoir Opinion Éditorial Droite, gauche endogène et gauche exogène

Droite, gauche endogène et gauche exogène

Désormais on parle de gauche endogène et de gauche exogène. Le choix du vocabulaire est loin d’être neutre. Exogène désigne celui qui vient de l’extérieur donc ce n’est pas moi, ce n’est pas nous, c’est l’autre. Le mot endogène au contraire est frappé d’une charge positive puisqu’il s’agit de moi, de nous. Sauf qu’une rapide introspection sur la naissance de nos partis endogènes révèle une toute autre réalité. La plupart des partis endogènes qu’ils soient de droite ou de gauche sont nés, parce qu’à l’intérieur des partis exogènes des ambitions contrariées ont voulu créer leur propre espace politique. C’est donc plus un besoin d’exister à tout prix qu’une réelle ambition d’incarner une quelconque identité endogène. C’est le cas du GUSR né de la FRUI.G (N.D.L.R. : front uni dans l’intérêt de la Guadeloupe) lui-même né du GRAP.G (ndlr : groupe de réflexion et d’action pour la Guadeloupe). À l’époque, le conflit entre Dominique Larifla d’un côté et Frédéric Jalton -grand mandarin du PS local et Félix Proto de l’autre, faisait rage. Dominique Larifla alors président du conseil général avait su fédérer quelques élus autour de la FRUI.G et ainsi est né le parti de la gauche endogène, sur la base d’un conflit entre des leaders d’une même famille politique. À droite, il s’est passé la même chose. Même si les choses apparaissent plus subtiles. Lucette Michaux-Chevry qui participe à deux gouvernements dirigés par la droite française, ne peut être située politiquement ailleurs qu’en Chiraquie. Mais ses ennuis judiciaires illustrés par moult mises en examen détonnent quelque peu. Objectif Guadeloupe qui n’était au début qu’un slogan de campagne pour les régionales de 1992 devient un vrai parti avec d’ailleurs de fréquents soubresauts qui mettent surtout en lumière l’hégémonie de Lucette Michaux-Chevry. À la même période, le maire de Basse-Terre qui avait été tant décriée par l’UPLG et le camp nationaliste opère un virage à 180°. La voilà quasi nationaliste et elle lance alors la fameuse déclaration de Basse-Terre. D’aucuns disent que ses ennuis judiciaires ne sont pas étrangers à son nouveau positionnement. Quant au mouvement nationaliste, s’il est né sur un terreau d’idéologie post-guerre d’Algérie et anticolonialiste voire maoïste, il est de par ses membres les plus éminents, surtout petit bourgeois. Et une fange de ce mouvement nationaliste une fois passée les nombreuses invectives et insultes proférées à l’égard de Lucette Michaux-Chevry dans le journal Lendépandans n’hésitera pas par la suite à flirter elle aussi avec la droite. Une droite qui est elle-même s’est construite au gré des circonstances, sur un terreau de gauche. Les deux représentants les plus imminents de cette droite des quarante dernières années Lucette Michaux-Chevry et Lucien Bernier sont jusqu’à 1974 d’authentiques ressortissants de gauche estampillés socialistes de surcroît. De fait, la Guadeloupe est sociologiquement de gauche. L’une des raisons qui pourrait expliquer cette réalité, c’est que les tenants du libéralisme, ceux qui prônent les valeurs de droite rusent avec leurs propres valeurs. Ils prospérèrent à partir de monopoles qu’ils ont établis et qu’ils défendent bec et ongles. Ils tuent dans l’œuf toute concurrence, base du libéralisme et ils crient à l’assistanat quand eux-mêmes profitent grassement de l’argent public. Cela fait belle lurette qu’obscurément le peuple a tout compris. Il croit défendre son bifteck en votant à gauche. Alors il vote à gauche. Vote endogène ou exogène ?

Poster un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.