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Vices et vertus des sondages

À quatre jours du premier tour des élections législatives Guadeloupe 1re a diffusé une étude de Qualistat qui mesure la notoriété des candidats. L’étude désigne un trio de tête. Question ? Si ce score a été mesuré et vraisemblablement, il l’a été puisqu’il désigne un trio de tête, pourquoi n’est-il pas publié ? Le procédé est pour le moins tendancieux. Il démontre à quel point une telle initiative revient à marcher sur des œufs. Après la diffusion d’un tel galimatias à propos duquel un débat a été organisé, vous aurez beau dire sur tous les tons qu’il ne s’agit pas d’un sondage qui mesure les intentions de vote, l’étude sera interprétée comme tel, par ceux à qui elle fait la part belle. Elle l’est d’ailleurs. Et à juste titre. Offert sur un plateau (de télévision), ceux qui sont servis auraient tort de ne pas profiter de l’aubaine. En campagne électorale, il s’agit de convaincre. Après tout, le procédé n’est pas plus détestable que celui qui consiste à faire circuler sur les réseaux sociaux des calomnies qui touchent à l’intégrité morale des personnes.

Dans cette campagne électorale où les candidats sont pléthoriques une grande majorité d’entre eux n’a jusqu’ici jamais exercé un mandat. Pis, beaucoup sont parfaitement inconnus du grand public et n’ont même pas eu droit à une minute à la radio ou à la télévision. À quoi cela sert-il de mesurer leur notoriété ? Sérieusement, fallait-il vraiment réaliser une étude pour établir cette réalité ? On croit avoir inventé l’eau chaude lorsque sur la base de cette enquête on conclut qu’un fort pourcentage de sondés ne savait pas citer les noms des candidats ? Combien chez les électeurs savent que le taux de notoriété (être connu) ne signifie pas adhésion politique. Yannick Noah vainqueur du tournoi de tennis de Roland Garros, Johnny Halliday rock star adulée et Simone Veil personnalité respectée jouissent depuis longtemps d’une grande notoriété. Notoriété positive qui plus est et même cote d’amour. Ces trois personnalités auraient-elles jamais pu se faire élire président de la République ? À l’inverse, qui connaissait Emmanuel Macron il y a deux ans ? Le coup de l’étude de notoriété n’est toutefois pas neutre. À quatre jours du scrutin, il peut influencer plus d’un électeur. L’analyse ou l’évaluation de l’état d’esprit de l’électeur guadeloupéen aurait pu attendre quatre jours de plus. Cette attente ne nous aurait pas privés d’une information capitale.

Louis Dessout et Olivier Serva se sont querellés sur une affaire de conflit d’intérêts. Le premier nommé a voulu que le candidat adoubé par La République en marche s’engage formellement sur le fait qu’il n’était pas en situation de risque de conflit d’intérêts. Olivier Serva qui est expert-comptable a publié un communiqué dans lequel il dit avoir donné à la commission des conflits, la liste de ses clients et qu’il ne prend pas part au vote et aux débats à la Région lorsque ses clients sont concernés. Insuffisant aux yeux de Louis Dessout qui du coup apporte le soutien du Modem Guadeloupe dont il est le président, au candidat Rauzduel. Cette affaire a fait moins de vague dans les médias locaux que celle venue de l’Hexagone où il est reproché à Olivier Serva des propos homophobes et pour lesquels il s’est excusé. Mais c’est un vieux réflexe de la presse locale de mettre au pinacle tout ce qui vient de Paris. Au Courrier de Guadeloupe, il nous a semblé opportun de relater le différend entre les deux hommes politiques. La moralisation de la vie publique est un sujet d’actualité qui concerne aussi la Guadeloupe. L’essentiel c’est de ne pas mettre la poussière sous le tapis.

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