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Quand le sexe faible règlera les conflits

Le mouvement citoyen des Fourmis bleues Guadeloupe s'est officiellement lancé dimanche 7 mars au domaine de Birmingham à Baie-Mahault, avec pour mission la pacification des relations sociétales.

Il n’y a pas assez d’énergie féminine investie dans la résolution des conflits. Résultats : un climat social explosif et une société qui peine à s’organiser collectivement, entre autres. C’est pour inverser ces tendances que le « groupement pour la paix Les fourmis bleues Guadeloupe » est officiellement né le 7 mars au domaine de Birmingham à Baie-Mahault. Mouvement citoyen, ce collectif regroupe autour d’un noyau d’une dizaine de femmes, des activistes qui veulent « ramener la paix et l’harmonie lors de conflits sociaux ». Ce dimanche, les participants ont débattu et échangé tantôt à l’extérieur dans une savane verdoyante, ou au pied d’un immense baobab planté il y a 20 ans ; tantôt à l’intérieur dans une salle où une vingtaine de chaises faisaient face aux oratrices et à un vidéoprojecteur. Dans l’assistance, les femmes qui ont répondu présentes à l’invitation inaugurale portent en étendard un foulard bleu. Parfois plié en triangle et simplement noué autour du cou, ou encore enroulé en serre-tête comme accessoire de coiffure, ou aussi déposé sur la taille.

 

Sexe faible, sexe fort

Simone Paulin (créatrice de l’espace culturel Domaine de Birmingham) a un message et partage sa conviction selon laquelle les grands-mères, mères et filles, se démarquent par leur propension à faire disparaître les confrontations et à promouvoir des valeurs de paix et de liberté. Kareen Joachim (consultante), en remerciant les très rares hommes présents, souligne que les Fourmis bleues ne sont pas une initiative féministe. « Il y a eu ce temps de la société matriarcale, il y a eu ce temps de la société patriarcale qui s’effrite parce qu’on voit bien que ce n’est plus possible. Aujourd’hui c’est le temps de l’harmonie plaide-t-elle. Si on prend conscience que chacun a des blessures, on arrête d’être en confrontation les uns avec les autres ». Une manière d’appeler les hommes à s’affranchir des stéréotypes associés au sexe fort. Tout en invitant les femmes à valoriser ceux liés au sexe faible. À elles deux, ces fondatrices déclinent une théorie managériale en vogue ces dernières années dans le milieu professionnel et les programmes de formation en leadership : « l’excès d’énergie masculine nous rend tyran ». Mais pour être complet, il faut ajouter que « l’excès d’énergie féminine nous rend victime ». L’équilibre individuel résidant pour chaque personne dans la capacité d’user des énergies féminines léguées par la mère et les énergies masculines léguées par le père. Ces conclusions s’appuient sur l’étude des temps immémoriaux où dans les savanes africaines, les déterminants sexués ont façonné les comportements humains. Parce qu’elles donnaient la vie et étaient plus enclines à la préserver, les femmes ont développé douceur, écoute, coopération, compassion, intelligence émotionnelle…, qualités dites de types féminins. Parce qu’ils se confrontaient au risque et devaient ramener la viande à la tribu, les hommes ont développé force, courage, passage à l’action, logique…, qualités dites de types masculins. Des millénaires plus tard, cette catégorisation genrée demeure : selon un sondage CSA pour Madame Figaro en 2019, 84 % des Français – hommes et femmes confondus — font davantage confiance aux femmes qu’à leurs homologues masculins pour les sortir d’une crise.

 

Forum pour la paix

Les outils dont les Fourmis bleues Guadeloupe entendent se doter afin de mener à bien ce chantier de pacification sociétale apparaissent légers voire naïfs : Faire la charte des Fourmis bleues ; sensibiliser le public par la campagne « Ramènes ta bombe »; développer les codes des fourmis bleues partout ailleurs (charte, foulard, chant, réseaux), créer le passeport bleu international « habitant de la planète bleue »; créer des sculptures mémorielles. Difficile de faire le lien avec l’objectif affiché de « ramener la paix et l’harmonie lors de conflits sociaux ». Et si elles énoncent « l’idée d’occuper les espaces de conflit par une troupe de fourmis bleues composée en majorité de grands-mères accompagnées de jeunes et de femmes adultes », il n’y a pas le moindre petit morceau d’objectif mesurable ni de calendrier annoncé. Les « experts en géopolitique, historiens, économistes, artistes, sociologues, acteurs du monde académique et de la société civile » attendus en renfort afin d’animer leurs actions devraient colliger idées et actions. Un rendez-vous d’envergure appelé Forum pour la paix, est programmé dimanche 16 mai. « On a tous conscience qu’on a une histoire qui est ce qu’elle est martèle Kareen Joachim. L’important est de prendre conscience que nous sommes puissants ». Combien rejoindront la dynamique ? Comment progresseront les méthodologies autour de la construction de la paix ?

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