12 candidats présentent leurs programmes aux électeurs appelés à voter samedi 9 avril en Guadeloupe (le lendemain dans l’Hexagone) au premier de l’élection présidentielle. Certains n’ont pas grand espoir de se qualifier au second tour dans 15 jours et entendent simplement augmenter le poids politique de leurs propositions. Une stratégie des petits pas qui a fait émerger les questions écologiques dans le paysage politique. D’autres entendent gouverner et soumettent des mesures voire des choix de société au vote des électeurs. Échos des programmes lus à travers la sélection des mesures spécifiques à l’Outre-mer.
Nathalie Arthaud (Lutte ouvrière)
» Nathalie Arthaud n’a pas de propositions spécifiques aux Outre-mer « , explique-t-on chez Lutte ouvrière. » Dans cette élection, nous sommes conviés à voter pour choisir celui qui parmi les sous-fifres au service du grand patronat nous tapera dessus, quelles que soient les promesses faites pendant la campagne « , écrit aussi sur son site la candidate. » Je ne me présente pas avec un programme de gouvernement parce que je ne veux pas être une gestionnaire de ce système qui ne fonctionne bien que pour les riches, je me bats pour le renverser ! « , ajoute-t-elle.
Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France)
Ses principales mesures pour l’Outre-mer :
– Construire une véritable continuité territoriale avec l’Hexagone en divisant par deux le prix des billets d’avion entre l’Outre-mer et l’Hexagone, dans les deux sens et pour tous les ultra-marins.
– Remplacer l’octroi de mer par une TVA sur les produits importés de l’Hexagone et de l’Union européenne ne concurrençant pas les productions locales, pour stimuler la concurrence et faire baisser les prix. Le conserver quand il y a des productions locales.
– Lancer des plans de rattrapage aux niveaux éducatifs (construction et rénovation des écoles primaires et lutte contre l’illettrisme) et sanitaires (mise à niveau des réseaux d’eau potable et de l’encadrement médical aux ratios hexagonaux).
– Investir massivement dans la valorisation des océans pour faire émerger les filières d’avenir et répondre aux besoins en énergie, en nourriture et en médicaments, en lien avec les 30 pays voisins.
Anne Hidalgo (Parti socialiste)
Ses propositions pour l’Outre-mer :
– Plan de rattrapage pour les services publics (éducation, santé, sécurité) et les infrastructures (eau, énergies renouvelables, routes).
– Baisse de l’octroi de mer sur produits essentiels contre la vie chère, et formation professionnelle renforcée pour l’emploi, création d’une » agence du retour » qui donne des projets d’emplois aux jeunes.
– Soutiens à l’agriculture locale et aux énergies renouvelables pour l’autonomie alimentaire et énergétique.
– Recréer une chaîne TV Outre-mer de service public.
– Prise en charge intégrale dès 2022 par la sécurité sociale des frais médicaux liés au chlordécone, dépistage compris. Aide d’État à la dépollution des sols.
– Soutien dès 2022 aux collectivités littorales contre les sargasses.
Yannick Jadot (Europe écologie les verts)
Ses propositions pour l’Outre-mer :
– Faire des Outre-mer des territoires » zéro chômeur « , en innovant en emplois verts et bleus.
– Contrôler les prix par un » bouclier des prix « .
– Impulser un développement territorialisé, endogène, qui respecte la biodiversité, via un plan alimentaire local, un tourisme durable, le refus de projets surdimensionnés et d’exploitations néfastes aux espaces naturels.
– Permettre l’enseignement immersif du créole par l’Éducation nationale.
– Créer la Cour d’équité territoriale proposée par le rapport Borloo pour défendre les régions les plus pauvres, soutenues par un bonus-malus.
– Indemniser femmes et enfants surexposés, grands oubliés du décret du gouvernement qui qualifie de maladie professionnelle le cancer de la prostate lié au chlordécone.
Jean Lassalle (Résistons)
Ses propositions pour l’Outre-mer :
– Renforcer les liens. » Leur rester fidèles (…) constitue l’une de nos raisons d’être sublimes (…) Notre développement partagé et notre bien-être seront l’une de mes priorités essentielles « .
– Développer le tourisme ultramarin et le tourisme d’excellence, par des aides de l’État plus conséquentes.
– Peaufiner avec les territoires d’Outre-mer notre grand dessein de développement des énergies nouvelles. En attendant, travailler à la prévention des ouragans et tempêtes. Et leur assurer l’eau potable et l’assainissement qui leur font souvent si cruellement défaut.
– Lutter contre les inégalités territoriales les plus criantes, dans le domaine de la santé notamment.
Marine le Pen (Rassemblement national)
Ses propositions pour l’Outre-mer :
– Revoir à la hausse le format Outre-mer de la politique de défense, notamment de la Réunion à la Nouvelle-Calédonie. Consacrer plus de moyens au renseignement humain, technique ou spatial. Développer le service militaire adapté.
– Placer l’action publique en termes d’exploration et d’exploitation des fonds marins sous l’autorité d’un ministre de la Mer et de l’Outre-mer. Dans le cadre d’une loi-programme sur 15 ans, prévoir une meilleure exploitation du potentiel économique et minier.
– Favoriser par la voie fiscale les investissements locatifs, industriels et commerciaux. Lutter contre la vie chère en réformant l’octroi de mer. Adapter aux circonstances locales les normes environnementales, trop souvent en complet décalage avec la réalité.
– Offrir aux Ultramarins une priorité d’accès aux études et au logement social dans l’Hexagone.
Emmanuel Macron (Nous tous)
Le président-candidat ne présente pas de mesures spécifiques à l’Outre-mer dans son programme. Le mot Outre-mer y est prononcé une seule fois : « Je m’étais engagé enfin à rassembler le pays. Même au plus fort de la pandémie, les Français, dans l’Hexagone, dans les Outre-mer et à l’étranger sont restés soudés ; la France est restée unie. Mais je suis lucide : cette unité est fragile. Des divisions demeurent, entre territoires, entre groupes sociaux, entre générations. Sans compter ces mouvements qui, faisant passer les identités devant la citoyenneté, les communautés devant la Nation, fragilisent ce que nous avons en commun. »
Jean-Luc Mélenchon (Union populaire)
Ses propositions pour l’Outre-mer !
– Faire des Outre-mer des territoires pilotes de la planification écologique et des circuits courts : autonomie énergétique et 100% renouvelable, autosuffisance alimentaire, politique maritime, protection de la biodiversité.
– Engager un plan pluriannuel d’investissement pour développer les services publics (transports, éducation, santé, logement, culture).
– Instaurer un bouclier douanier via une taxe kilométrique en faveur des productions locales à faible empreinte écologique.
– Appliquer une préférence commerciale pour les produits ultramarins vers l’Hexagone et l’Europe et nouer des partenariats commerciaux équilibrés avec les voisins régionaux.
– Financer par l’État des travaux urgents de remplacement des canalisations d’eau potable et d’assainissement, notamment en Guadeloupe. Déclencher un plan ORSEC-eau en cas de pénurie et annuler la dette citoyenne liée à la facturation des anciens opérateurs.
Valerie Pécresse (Les Républicains)
– Décentraliser et libérer les énergies outre-mer pour faire rayonner la France.
– Adopter un principe de différenciation territoriale aux réalités et aux besoins de chaque territoire.
– Un grand plan sportif pour les outre-mer de rattrapage des infrastructures. Créer les conditions pour que les champions restent s’entraîner outremer.
– Maintenir la Nouvelle Calédonie dans la France.
Philippe Poutou (Nouveau parti anticapitaliste)
Philippe Poutou n’a pas de mesures spécifiques à l’Outre-mer mais une idée générale : « En finir avec le militarisme et le néocolonialisme. Nous refusons la politique française de maintien des colonies et de gestion coloniale des populations en Kanaky, aux Antilles, à la Réunion, en Corse. Nous défendons le droit des peuples à l’auto-détermination et sommes solidaires des luttes pour la défense de la culture et des langues locales. »
Fabien Roussel (Parti communiste)
Ses propositions pour l’Outre-mer :
– Réunir des conférences dans chaque territoire pour construire une loi de programmation qui permette de rattraper les retards (santé, transports, éducation, logement, eau).
– Engager une politique tarifaire préférentielle pour les transports aériens et maritimes entre territoires et Hexagone.
– Proposer une fiscalité plus juste que l’octroi de mer et la TVA, pour abaisser les taxes sur les produits de première nécessité sans pénaliser les collectivités qui ne doivent plus dépendre de l’octroi de mer.
Eric Zemmour (Reconquête)
Ses propositions pour l’Outre-mer :
– Assumer la vocation mondiale de la France en s’appuyant sur les atouts : l’Outre-mer, l’espace maritime, la francophonie, le statut de puissance nucléaire militaire et civile, le siège de membre permanent au Conseil de sécurité. Muscler les capacités de défense et d’intervention en doublant d’ici 2027 les forces prépositionnées en Outre-mer et à l’étranger.
– Lutter contre le chômage en développant les secteurs d’excellence et d’avenir pour l’Outre-mer : l’agriculture, le tourisme, l’économie de la mer. Défendre et soutenir les productions agroalimentaires traditionnelles comme le Rhum de Martinique ou la filière banane face à la concurrence étrangère. Développer les flottes de pêche ultramarines en sortant les eaux des départements d’Outre-mer de la politique européenne des pêches.
– Protéger l’environnement et la biodiversité et relancer les efforts de recherche scientifique dans ce domaine
– Lutter contre l’immigration illégale et le trafic de stupéfiants en renforçant le contrôle des frontières, notamment en Guyane et à Mayotte
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