Accueil Pouvoir Gouvernance Présidentielle 2017 : trouble à droite comme à gauche

Présidentielle 2017 : trouble à droite comme à gauche

À droite, des partisans d’une sortie de campagne puis finalement un soutien au candidat François Fillon… jusqu’au 15 mars. De leurs côtés Macron, Hamon et Mélenchon coupent la gauche en trois. Si Macron apparaît comme celui qui tire profit des divisions, beaucoup reconnaissent ne pas savoir où tout cela va.

La droite soutient mollement Fillon

Entre doutes, hésitations, et interrogations, la droite a renouvelé son soutien à François Fillon jusqu’au 15 mars, date à laquelle le candidat saura s’il est mis en examen. Après, c’est encore une autre histoire.

Ils étaient tous là. Ou presque. Près d’une cinquantaine d’élus et de militants de droite se sont réunis dans la soirée du lundi 6 mars à la mairie de Capesterre-Belle-Eau. Au programme, l’élection présidentielle et surtout l’incroyable scénario qui se joue depuis des jours au niveau de la campagne de François Fillon. Les défections en cascade des ténors de la droite et du centre, la manifestation du Trocadéro, le retour sur la pointe des pieds de certains dans le giron de Fillon. La réponse publique négative et agacée d’Alain Juppé à ceux qui le sollicitaient. Tout ce remue-ménage a mis en ébullition élus et militants de droite guadeloupéens. Quelle position adopter devant les déboires du candidat de la droite et du centre ? Au cours de cette réunion, la question du soutien à François Fillon a clairement été posée. Philippe Chaulet a indiqué qu’il n’était ni Les Républicains (LR), ni du Centre. Autrement dit, il est libre. Selon nos informations, un petit groupe emmené par Marie-Luce Penchard était partisan de retirer leur soutien à François Fillon. Enfin un projet de communiqué que Le Courrier de Guadeloupe a pu consulter posait le désarroi des électeurs, actait la sortie de campagne des élus, et rendait les Guadeloupéens libres de leur vote.

Soutien jusqu’au 15 mars

Finalement, les élus de la droite et du centre ont décidé de continuer à soutenir Fillon.  » Nous sommes obligés, le plan Juppé est mort. C’est dommage « , a confié un élu. Ni Laurent Bernier, ni Sonia Pétro tous deux dirigeants locaux LR et investis par le parti pour les législatives en juin n’ont participé à cet exercice d’introspection collective douloureuse. Joint par téléphone mercredi 8 mars, Laurent Bernier a expliqué qu’il n’avait aucun état d’âme sur le sujet. Il soutient François Fillon. Fermez le ban. Autrement dit, il n’avait rien à faire avec ceux qui ont des doutes quant à leur conviction. Les élus de la droite ont suspendu leur examen de conscience jusqu’au 15 mars, date à laquelle François Fillon saura s’il est mis ou pas en examen. Après cette date, la droite locale devrait à nouveau se réunir.

Et Macron cannibalise la gauche

Les élus qui se disent de gauche sont de plus en plus nombreux à être attirés par le leader du mouvement En Marche ! Ils ne croient pas aux chances de Benoît Hamon. Ils voteront Macron dès le premier tour.

« Mélenchon et Hamon n’ont pas su s’entendre. Je voterai utile dès le premier tour. Je voterai Macron. Il faut éviter un second tour entre la droite extrême et l’extrême droite « . Éric Jalton rencontré à l’occasion de l’inauguration de la Maison de la femme mercredi 8 mars à Dothémare aux Abymes, entonne ce couplet avec entrain. Le député-maire des Abymes prédit une transformation du paysage politique de la Guadeloupe. À droite comme à gauche.  » Ici, comme dans l’Hexagone, la droite ne sait plus à quel saint se vouer. Les rebondissements de l’affaire Fillon lui donnent le tournis. Quant au PS, il est coupé en deux et la gauche en trois si l’on ajoute Mélenchon.  » Selon lui, l’affaire Fillon aura des répercussions sur les résultats du vote. Les électeurs se montreront exigeants. La loi de moralisation de la vie publique promise par Macron est devenue selon lui indispensable. Quant à la gauche, elle n’est pas en meilleure santé que la droite pour Éric Jalton.

 » Un score en Guadeloupe « 

Le propos est confirmé par Victorin Lurel : «  Je n’ai pas voté Hamon mais je suis loyal et je respecte les règles du parti. Je fais la campagne de Benoît Hamon. Le terrain est cependant très mouvant « . Et de poursuivre :  » Je vois chaque jour des gens du parti rallier Macron, je ne sais pas où on va « . Le député de la 4ème circonscription note que la tendance est la même en Guadeloupe.  » Une bonne partie des élus Guadeloupéens son déjà chez Macron « . Victorin Lurel estime que si le PS n’est pas au mieux de sa forme, la droite n’est pas plus flamboyante. Et qu’elle ne pourra pas en profiter à cause de l’affaire Fillon.  » C’est Macron qui va tirer profit de la faiblesse des deux blocs. Il fera un score en Guadeloupe « .

Josette Borel-lincertin séduite par le revenu universel

La présidente du conseil départemental, Josette Borel-Lincertin, a suivi avec intérêt, mercredi 8 mars, les auditions des six grands candidats (Jean-Luc Mélenchon était représenté par le sénateur Pierre-Yves Collombat) à la présidentielle par l’Assemblée des Départements de France (ADF).

Elle a tenu à sortir « pour ne pas  avoir à  écouter  sans pouvoir répondre » le représentant du Front National, David Rachline. Mais à l’issue de l’audition elle a déclaré au Courrier de Guadeloupe être « satisfaite d’avoir entendu pratiquement tous les candidats dire qu’il faut stabiliser  les Départements,  ne pas les fragiliser davantage ». « Benoît  Hamon a rappelé l’importance du rôle tenu par les Départements dans les prises en charge du RSA, de la solidarité des personnes âgées, du handicap ». Le  Département insiste JBL,  participe à la vie économique. «  Je  suis  un  donneur d’ordre conséquent qui investit 90 à 100 millions d’euros par an. J’attribue 10 millions d’euros via le fonds d’aide aux communes . Nous avons la maîtrise des aides du  fonds social   européen, et  j’investis dans l’eau  !  »,   énumère-t-elle en rappelant que le budget du Département (de l’ordre de 900 millions d’euros, ndlr) reste près du double de celui de la Région : «  Nous   ne sommes pas un simple CCAS ! ». La  présidente   du Département  apprécie aussi que Benoît Hamon ait rappelé «  qu’accompagner les plus démunis, ce n’est pas faire l’aumône », c’est affirmer leur droit. « Je le rejoins quand il explique le revenu universel de 600 euros, ce qui n’est  pas énorme. Il permettra au jeune de 18 à 25 ans qui doit avoir un job pour vivre et a moins de chances de réussir sa scolarité que celui qui est accompagné par ses parents, d’envisager une formation professionnelle ou de se déplacer  pour aller chercher un emploi en Guadeloupe ou ailleurs ». Elle compte bien, aussi, expliquer  qu’une   attribution automatique réduira le volume des fraudes. En revanche, elle est moins convaincue, ce n’est pas une surprise, par les 500 000 fonctionnaires supprimés parle candidat  Fillon. «   Qu’on me dise ne pas remplacer un départ sur trois, ça passe. Mais 500000 d’un coup ! Ce  ne seront pas les policiers,  pas  les enseignants pas les infirmières.  Alors, dans les collectivités  ? On ne va plus embaucher de catégories  C, de jardiniers  ? On fera appel à des entreprises  ? Il y a là des choses qui m’étonnent » dit-elle, dubitative.

Les partisans de Valls de moins en moins motivés par la campagne de Benoît Hamon

Selon un membre du PS Guadeloupe qui suit la campagne de Benoît Hamon, l’accord signé entre le candidat socialiste et Yannick Jadot ne passe pas auprès des partisans de Manuel Valls.  » Benoît Hamon a conclu un pacte avec Les Verts par lequel il renonce à la construction de l’aéroport des Landes, alors que les habitants se sont prononcés par référendum en faveur de sa construction. Il a de surcroît concédé 42 circonscriptions aux Verts alors que Jadot pèse à peine 1 % dans les sondages et qu’il n’était même pas sûr d’avoir ses parrainages « . Selon cet interlocuteur, pendant que Benoît Hamon négociait avec Les Verts, il n’a pas montré une grande motivation à rassembler l’ensemble de la famille socialiste. Résultats les partisans de Manuel Valls sont de plus en plus circonspects quant à leur engament dans la campagne.

Benoît Hamon prochainement en Guadeloupe ?

Un temps annoncé ce vendredi 10 mars en Guadeloupe, il semble que Benoît Hamon hésite à faire ce déplacement. Au moment où nous bouclions cette édition et à l’approche de son passage programmé sur France 2 jeudis 9 mars, son équipe tardait à communiquer son agenda.

Pour ce qui concerne les propositions et programme pour l’Outre-mer du candidat à la présidentielle, c’est Valentin Narbonnais, aux côtés de Benoît Hamon depuis le début des primaires, qui a fait le programme pour les primaires. L’homme de 23 ans, d’origine martiniquaise, conseiller communal à Colombes (92), proche de Christiane Taubira et membre du PS, est son coordinateur Outre-mer. Victorin Lurel, député guadeloupéen (PS), qui a été reçu avec les députés ultramarins la semaine dernière par Benoît Hamon, a rédigé des programmes outremers en liaison avec les premiers fédéraux PS, pour chacun des 11 DOM-COM. Éricka Bareigts, la ministre des Outre-mer, est chargée de coordonner les élus ultramarins auprès du candidat.

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