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« Ne payez pas vos factures d’eau »

" Ne payez pas vos factures d'eau"

Les jours passent et aucune solution pérenne n’est apportée à l’épineuse question de la distribution de l’eau en Guadeloupe. À force, cette histoire d’eau est devenue un vrai serpent des mers. Pis, les derniers événements entre réunions vaines d’élus et blocage de l’agence de la CASBT à Capesterre Belle-Eau, tendraient à démontrer, qu’au lieu d’avancer, nous reculons. Les administrations continuent à expédier aux usagers, des factures – a minima — farfelues, avec parfois des sommes qui pourraient déclencher le fou-rire, s’il s’agissait d’un sketch. Sauf que les gens à qui des opérateurs défaillants réclament autant d’argent -jusqu’à 19 000 euros- sont dans la vraie vie. Et cela ne leur fait pas rire du tout. Certains que nous avons rencontrés et qui sont déjà dans le dénuement, vivent des situations que l’absence d’eau rend encore plus inextricables. Pendant ce temps, la grogne des usagers monte inexorablement. Ils semblent avoir trouvé en Germain Paran un référent dévoué et déterminé. Le président du Comité de l’eau qui se coltine le sujet depuis 1994 est longtemps passé pour un farfelu. Le problème traîne depuis des lustres, aujourd’hui, les Guadeloupéens confrontés aux problèmes de l’eau, l’appellent de partout. Germain Paran les incite à ne pas obéir aux commandements de payer. Au regard des faits révélés à propos des factures fantaisistes ou abusives, cet appel à la résistance semble d’un bon aloi. Ce n’est pourtant pas une situation dans laquelle la Guadeloupe peut longtemps s’éterniser. Des instances régulières, organisées en vertu des principes du droit, qui trichent avec la réglementation ne sont pas bon signe pour la société.

Sur la situation de l’eau en Guadeloupe aujourd’hui, les décideurs savent tout ou presque. Le diagnostic est établi. Les solutions sont connues et ont été préconisées. Elles ont un coût. Plusieurs chiffres ont été avancés. Un moment il fut question d’un milliard d’euros puis 900 millions, aujourd’hui le chiffre de 500 millions tient la corde. Bien sûr, on passe du simple au double. Malgré tout, il y a une constante. C’est que la charge reste lourde. Cet argent aucune collectivité n’en dispose. Ni la Région, ni le Département, ni les communautés d’agglomération, ni même toutes les collectivités réunies. François Hollande à l’occasion de l’inauguration du Mémorial ACTe en mai 2015 a promis l’aide effective de l’État. Le président de la République a posé une condition : que les principaux acteurs s’entendent tous autour d’une nouvelle gouvernance. Après moult réunions, les élus moins une – Lucette Michaux-Chevry- s’acheminaient vers un syndicat unique de l’eau ouvert, en prenant appui sur le syndicat intercommunal d’alimentation en eau et d’assainissement de la Guadeloupe (SIAEAG). Le préfet courageusement a pris son bâton de pèlerin et a tenté de convaincre tous les élus pour bâtir cette nouvelle entité. On y aurait été presque… Patatras, certaines communautés d’agglomération et pas des moindres n’ont plus trop envie. Cap Excellence se dirigerait plutôt vers une société publique locale (SPL), la communauté de communes de Marie-Galante se dit  » pas du tout intéressée  » par le processus. C’est leur droit le plus strict. Sauf qu’il n’est pas du tout certain que l’État renonce à son exigence de gouvernance unique, et renouvelée.

Nous devons juste rappeler qu’il s’agit de remettre en état toutes les canalisations de la Guadeloupe. Sinon le problème des usagers, privés d’eau n’est pas prêt d’être réglé. Il le sera de moins en moins lorsque la plupart des Guadeloupéens seront de plus en plus convaincus qu’ils n’ont pas à payer pour un si piètre service. Si les usagers ne paient pas, tout le système peut s’anéantir. La distribution de l’eau, ce sont de nombreux prestataires qui agissent au niveau de l’entretien, la maintenance, les analyses, la facturation etc. L’argent ne tombera pas du ciel mais viendra de la poche des usagers. À condition que le service pour lequel on leur demande de payer soit rendu.

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