MUNICIPALES ET COMMUNAUTAIRES 2014
Dimanche 23 mars, le premier tour des élections municipales et communautaires 2014 a donné la tendance de la vie politique dans l’île. Le taux de participation définitif s’est établi à 61,38 % (contre 64,03 % en 2008 et 66,41 % en 2001). Avec 21 maires élus ou réélus dès ce premier round d’affrontements, les urnes ont exprimé le sentiment d’une population qui penche plutôt pour un statut quo.
% des suffrages exprimés
Sièges CM : sièges au conseil municipal
Sièges CC : siège au conseil communautaire
Communauté d’agglomération Cap Excellence
Abymes : Éric Jalton : 53.56 % (Réélu) 36 sièges CM et 20 sièges CC, Olivier Serva : 33.49 % 8 sièges CM et 4 sièges CC, Daniel Marsin : 7.79 % 1 siège CM et 1 siège CC, Paul Naprix : 3.41 %, Danielle Diakok : 1.75 %
Baie-Mahault : Ary Chalus : 80.91 % (Réélu) 36 sièges CM et 15 sièges CC, Sylvie Chammougon-Anno : 16.95 % 3 sièges CM et 1 siège CC, Paul Confiac : 2.14 %,
Pointe-à-Pitre : Jacques Bangou : 51.55 % (Réélu) 25 sièges CM et 8 sièges CC, Harry Durimel : 29.98 % 5 sièges CM et 1 siège CC, Claude Barfleur : 12.65 % 2 sièges CM, Henri Yoyotte : 5.83 %
Communauté d’agglomération du Nord Basse-Terre
Deshaies : Jeany Marc-Mathiasin : 50.44 % (Réélue) 21 sièges CM et 2 sièges CC, Max Mathiasin : 36.92 % 5 sièges CM, Félix Flemin : 9.64 % 1 siège CM
Goyave : ballottage Ferdy Louisy : 49.48 % (maire sortant), Rémy Senneville 35.04 %, Patrick Brochand : 10.11 %, Antoine Sahaï : 5.37 %
Lamentin : ballottage Jocelyn Sapotille : 45.12 %, José Toribio : 43.44 % (maire sortant), Daniel Juliard : 8.95 %, Lucette Mérabli : 2.49 %
Petit-Bourg : Guy Losbar : 62.20 % (Réélu) 30 sièges CM et 11 sièges CC, Thierry Maximin : 15.42 % 2 sièges CM et 1 siège CC, Richard Nebor : 12.98 % 2 sièges CM et 1 siège CC, Fabrice Luce : 9.40 % 1 siège CM
Pointe-Noire : ballottage Camille Élisabeth : 35.40 %, Christian Jean-Charles : 32.70 %, Tony Sinivassin : 30.37 % (maire sortant), Marc Phibel : 1.54 %
Sainte-Rose : ballottage Claudine Bajazet : 36.91 %, Richard Yacou : 27.61 % (maire sortant), Fauvert Savan : 12.99 %, Alain Lesueur : 7.65 %,
Communauté d’agglomération du Sud Basse-Terre
Baillif : ballottage Marie-Lucile Breslau : 42.31 % (maire sortant), Marie-Yveline Hermin : 35.91 %, Jean Bardail : 6.72 %, Ponchateau : 33.90 %, Sylvie Gustave dit Duflo 23,80 %
Basse-Terre : Lucette Michaux-Chevry : 56.36 % (Réélue) 27 sièges CM et 5 sièges CC, André Atallah : 24,59 % 4 sièges CM et 1 siège CC, Guy Georges : 9.61 % 1 siège CM, Roland Ezelin : 9.45 % 1 siège CM
Bouillante : ballottage Thierry Abelly : 35.55 %, Jean-Claude Malo : 22.81 % (amire sortant), Marc Guilliod : 10.51 %, Robert Racon : 7.55 %, Nathalie Letin : 6.63 %, Michel Brard : 5.61 %, Doris Nabal-Cheikmodine-Dib : 5.37 %, Jean-Marie Brissac : 3.22 %, Hermann Capraja : 2.73 %,
Capesterre-Belle-Eau : ballottage Joël Beaugendre : 41,97 % (maire sortant), Hugues Ramdini : 28,64 %, Jean-Philippe Courtois : 26.22 %, Jean-Marie Nomertin 3.17 %
Gourbeyre : Luc Ademar 55.76 % (Réélu) 23 sièges CM et 4 sièges CC, Claude Edmond : 19.03 % 3 sièges CM, Guy Suzin : 13.34 % 2 sièges CM, Raphaël Vignal : 11.86 % 1 siège CM
Saint-Claude : Élie Califer : 77.30 % (Réélu) 30 sièges CM et 5 sièges CC, Gérard Coralie : 22.70 % 3 sièges CM
Terre-de-Bas : Emmanuel Duval : 78.82 % (Élu) 14 sièges CM et 1 siège CM, Monique Brudey-Beaujour 21.18 % 1 siège CM
Terre-de-Haut : Louis Molinié : 58.30 % (Réélu) 15 sièges CM et 1 siège CM, Hilaire Brudey : 41.70 % 4 sièges CM
Trois-Rivières : Hélène Vainqueur-Christophe (Réélue) : 71.22 % 25 sièges CM et 5 sièges CC, Jimmy Fausta : 28.8 % 4 sièges CM
Vieux-Fort : Rolland Plantier (Élu) : 52,4 % 15 sièges CM et 1 siège CC, Héric André : 47,60 % 4 sièges CM
Vieux-Habitants : Aramis Arbau : 52.44 % (Élu) 23 sièges CM et 3 sièges CC, Georges Clairy : 44.61 % 6 sièges CM et 1 siège CC, Didier Pezeron : 2.94 %
Communauté d’agglomération du Nord Grande-Terre
Anse-Bertrand : Édouard Delta : 54.74 % (Élu) 22 sièges CM et 3 sièges CC, Alfred Dona- Erie : 36.69 % 5 sièges CM et 1 siège CC, Daniel Moustache 5,20 % Marcellus Nubret : 3.37 %,
Morne-à-l’Eau : ballottage Jean-Claude Lombion : 37.37 % (maire sortant), Georges Hermin : 35.91 %, Jean Bardail : 26.72 %
Moule : Gabrielle Louis-Carabin (Réélue) : 73.58 % 32 sièges CM et 12 sièges CC, Germaine Lacréole 12.23 % 2 sièges CM, Marcelin Chingan : 8.95 % 1 siège CM
Petit-Canal : ballottage Blaise Mornal : 46.43 %, Florent Mitel : 41.52 % (maire sortant), Michel Girdary Ramssamy Ramassamy 9.48 %, Hélin Jean-Philippe : 2.57 %
Port-Louis : ballottage Jean- Marie-Hubert : 44.43 % (maire sortant), Victor Arthein : 38.79 %, Bernard Cerci : 9.53, Jacques Marie-Claire : 4.67 %, Patricia Pompilius : 2.59 %
Communauté d’agglomération Gosier/Sainte-Anne/Saint-François
Désirade : Jean-Claude Pioche : 53.01 % (Élu) 15 sièges CM et 2 sièges CC, René Noël : 46.99 % 4 sièges CM et 1 siège CC
Gosier : Jean-Pierre Dupont : 61.45 % (Réélu) 29 sièges CM et 13 sièges CC, Roberte Méri 38.55 % 6 sièges CM et 3 sièges CC
Sainte-Anne : ballottage Christian Baptiste : 47.40 %, Blaise Aldo : 38.89 % (maire sortant), Jacques Kancel : 11.34 %, Frédy Grego : 2.36 %
Saint-François : Laurent Bernier : 60.38 % (Réélu) 28 sièges CM et 8 sièges CC, Jean-Luc Perian : 20.59 % 3 sièges CM et 1 siège CC, Éric Rayapin : 14.22 % 2 sièges CM, Laurent Petit : 4.82 %
Communauté de communes de Marie Galante
Capesterre de Marie Galante : ballottage Marlène Miraculeux Bourgeois : 40.43 % (maire sortant), Benoît Camboulin : 31.41 %, José Lucina : 19.24 %, Francis Croisic : 8.93 %
Grand-Bourg : Maryse Etzol : 71.35 % (Réélue) 25 sièges CM et 7 sièges CC, Jean-Girard : 20.44 % 3 sièges CM, Daniel Cimon : 8.21 1 siège CM
Saint-Louis : Jacques Cornano : 61.77 % (Réélu) 19 sièges CM et 3 sièges CC, Camille Pelage : 31.60 % 4 sièges CM et 1 siège CC, Philibert Vergerolle : 6.64 %.
MUNICIPALES ET COMMUNAUTAIRES 2014
25 listes dans la bataille du 2nd tour
Le dépôt des listes pour le second tour des élections municipales et communautaires a été clôturé en préfecture mardi 25 mars. 25 listes ont été enregistrées. Le courrier de Guadeloupe vous présente les 21 hommes et 4 femmes têtes de liste commune par commune.
Baillif : Marie-Lucile BRESLAU, Marie-Yveline PONCHATEAU
Bouillante : Thierry ABELLI, Jean-Claude MALO, Marc GUILLIOD
Capesterre-Belle-Eau : Joël BEAUGENDRE, Hugues dit Philippe RAMDINI
Capesterre de Marie-Galante : Benoit CAMBOULIN, Marlène MIRACULEUX-BOURGEOIS
Goyave : Ferdy LOUISY, Remy SENNEVILLE ( Fusion avec Brochant et Sahaï)
Lamentin : Jocelyn SAPOTILLE, José TORIBIO
Morne-à-l’eau : Georges HERMIN (Ndlr : Au moment où nous mettions sous presse ce numéro, la liste de Jean-Claude LOMBION avec BARDAIL présentée le 25 mars en préfecture ne respectait pas la parité pour ce qui concernait les 29ème et 30ème candidats de la liste. En conséquence, un refus de récépissé de sa candidature lui a été notifié. Le candidat avait la possibilité de saisir le tribunal administratif dans un délai de 24 heures.
Petit-Canal : Blaise MORNAL, Florent MITEL
Pointe-Noire : Camille ÉLISABETH, Christian JEAN-CHARLES
Port-Louis : Jean-Marie HUBERT, Victor ARTHEIN
Sainte-Anne : Christian BAPTISTE, Blaise ALDO
Sainte-Rose : Fauvert SAVAN, Claudine BAJAZET, Richard YACOU (Fusion avec BARON)
AU 1er TOUR
On prend les mêmes…
Le premier tour des élections municipales a révélé que l’électorat s’engageait dans la continuité. En un coup, 15 des 32 maires de communes ont été confirmés à leurs postes.
Un coup de tonnerre et deux petites surprises. Voilà en somme ce qu’auront réservé aux observateurs ces élections municipales. Si d’aucuns pensaient que l’enjeu communautaire compterait dans la balance, les voilà déçus. Le vrai coup de tonnerre vient de la Désirade. René Noël, premier magistrat de la municipalité depuis 2001 est éjecté de son poste d’un coup de pioche. Il s’incline face à son concurrent Jean-Claude Pioche dès le premier tour en ne réalisant qu’un score de 46.33 %. Mais c’est un double échec pour lui, puisque de fait, il perd aussi son poste de président de l’association des maires de Guadeloupe qu’il occupait depuis 2009. Bien que justifiant d’un bon bilan, René Noël paye peut-être là son désaccord latent avec certains agents municipaux. L’autre surprise vient de la chute de Georges Cléry, le dauphin du ministre de l’outre-mer Victorin Lurel – qui décidément a passé un mauvais dimanche – face à Aramis Arbau. En dehors de cela, le calme plat. À l’ouest, rien de nouveau. Les leaders de la communauté d’agglomération Cap Excellence sont tous réélus. Sans surprise Éric Jalton rempile pour six ans aux Abymes. À Pointe-à-Pitre, Harry Durimel aura à peine gêné Jacques Bangou. Ary Chalus à Baie-Mahault bénéficie d’un véritable raz-de-marée de voix avec un score de 80.91 %. Sans surprise non plus Gabrielle Louis-Carabin est réélue au Moule. Élie Califer reste maître des hauteurs à Saint-Claude. À Grand-Bourg le nom Etzol fait plus que jamais recette. À Trois-Rivières, Hélène Vainqueur-Christophe est la première candidate de la soirée électorale à être réélue avec 71.22 % des voix. Suivront Guy Losbar, Louis Molinié, Jacques Cornano, Laurent Bernier, Jean-Pierre Dupont, Éric Jalton.
Et du côté du second tour…
Les maires qui sont confrontés au second tour, le sont en général pour deux raisons tangibles. La première : un bilan mitigé. C’est le cas de José Toribio qui paye sa mandature agitée par un retour tonitruant de Jocelyn Sapotille qui arrive même à le devancer au bourg, originellement son fief. Pareil pour Ferdy Louisy à Goyave secoué par Rémy Senneville, ou Blaise Aldo qui paie le lent endormissement de Sainte-Anne et se fait sérieusement devancer par Christian Baptiste. Quand le bilan n’est pas en cause, c’est l’affrontement de deux courants politiques dans la ville. C’est le cas pour Richard Yacou à Sainte-Rose – déjà mal élu en 2008 – et de Joël Beaugendre à Capesterre-Belle-Eau qui fait face à Hugues Ramdini d’un côté et Jean-Philippe Courtois de l’autre. À Bouillante, Jean-Claude Malo paye un éparpillement des voix entre neuf listes concurrentes.
LES ENNEMIS DE MES ENNEMIS SONT MES AMIS
L’alliance Yacou/Baron à l’assaut de Claudine Bajazet
Claudine Bajazet sortie en tête au premier tour devra affronter une alliance entre Richard Yacou et Adrien Baron.
La nouvelle a de quoi surprendre, quand on sait la campagne offensive menée par Adrien Baron sur le bilan du maire sortant Richard Yacou. Pourtant les deux hommes ont trouvé lundi 24 mars dans la soirée une entente, qui a défaut d’être cohérente politiquement, sera concentrée sur une concurrente commune : Claudine Bajazet. De façon arithmétique, si les choses restent en l’état, Adrien Baron avec ses 1 260 voix ajoutées à celles de Richard Yacou devrait suffire pour dépasser les 3 135 voix de Claudine Bajazet. Idéologiquement les deux anciens concurrents ont décidé d’empêcher le retour du nom Bajazet aux affaires de Sainte-Rose. » Les deux candidats ont au moins trouvé un sujet d’entente : le retour du nom de Bajazet à Sainte-Rose n’est pas une bonne chose. Le passage de Clodomir Bajazet a laissé des traces dans la commune, et il ne s’agit pas, avec tant d’enjeux de revenir en arrière » argumente Michel Salomon, le directeur de campagne de Richard Yacou. D’autant qu’au jeu des alliances, Adrien Baron a aussi été courtisé par Claudine Bajazet qui a tenté de fédérer contre Richard Yacou. Dans cette stratégie, Fauvert Savan aurait aussi été approché, sans donner de suite. En effet, très tôt la direction de campagne du candidat avait annoncé qu’à défaut d’un second tour, elle ne comptait pas passer d’alliance, et il semble, au regard de la fin de non-recevoir communiquée à l’équipe de campagne de Claudine Bajazet, que la ligne de conduite ait été maintenue. Il en est tout autrement pour Adrien Baron qui lui peut fortement peser dans la balance. Les anciens rapports avec Richard Yacou pouvant être réactivés, un poste de conseiller communautaire et au conseil municipal le poste de premier adjoint aurait été négocié.
L’électorat jeune en question
Avec une chanson de campagne aux rythmiques très punchy, proches du dance hall et portée par son statut d’enseignante, Claudine Bajazet a fait le pari de mobiliser la jeunesse de Sainte-Rose. Et faute d’alliances, pour le second tour elle compte bien continuer sur sa lancée » Je fais appel aux abstentionnistes et aux personnes qui ne se sont pas décidées et à l’électorat des autres candidats évidemment. Mais, je compte intensifier mon travail de terrain auprès des jeunes de Sainte-Rose qui ont prouvé qu’ils me faisaient confiance. Je suis très engagée dans le milieu associatif et ce depuis bien longtemps. Je les rencontre souvent et les aide. Leur vote est un retour de mon implication et ils sont venus me trouver, ont monté un projet et ont estimé que j’étais la seule apte à pouvoir les accompagner » explique Claudine Bajazet. Ses adversaires au contraire voient une manœuvre électorale évidente destinée à tromper l’électorat jeune. » Nous avons vu dimanche, nous avons eu l’expérience du fait que Madame Bajazet a trompé nos jeunes défavorisés et en déshérence en monnayant leurs votes. Dimanche certains ne savaient même pas l’organisation d’un bureau de vote, ni comment voter. Pour la plupart, c’était une première » réplique Michel Salomon. Quelles que soient les raisons évoquées, la montée en puissance de Claudine Bajazet a réellement pris Richard Yacou par surprise et l’a mis dos au mur. Si on s’en tient aux chiffres l’alliance Yacou/Baron pourrait arracher la victoire, mais la politique n’est pas de l’arithmétique. Le sort de l’élection reste tout de même en grande partie entre les mains des abstentionnistes. Donc rien n’est fait.
SOUDE !
» Je suis le seul, au Lamentin, à pouvoir grappiller des voix «
Au terme du dépouillement sous tension, José Toribio le maire sortant du Lamentin se fait devancer de deux points par Jocelyn Sapotille. Mais pas inquiet, José Toribio estime pouvoir se refaire au second tour.
José Toribio : Les résultats sont ce qu’ils sont, le peuple a voté et chacun – pourvu qu’il soit démocrate – doit s’incliner devant le résultat sorti des urnes. C’est la première fois qu’au Lamentin, deux candidats au premier tour dépassent le seuil des 3 000 voix. Cela signifie que le peuple a vraiment voté, et que cette élection sur le plan communal est primordiale pour les citoyens. N’oublions pas qu’ils votent pour la quotidienneté des choses : l’eau, la route, l’éclairage public, les ordures, en clair ce qui les touche directement. Pour le second tour, je suis en retrait de 124 voix. Ce n’est rien sur 7 784 votants. Ce que je peux dire, c’est que mes concurrents – qui au demeurant ont mené une très bonne campagne, avec très peu de salissures et d’attaques – sont arrivés au bout de ce qu’ils peuvent faire. Or, j’ai un réservoir exceptionnel parmi les abstentionnistes de 600 à 700 voix. Je sais aussi, que personne n’est propriétaire des voix de mes concurrents. 95 % des voix de Lucette Mérabli me reviendront. Je ne sais pas encore la position de Monsieur Juliard. Va-t-il se maintenir ou se retirer ? S’il se maintient, ce sera bien honorable pour lui, s’il se retire, ses 670 voix se sépareront à 50/50. Tous ces facteurs me permettent de dire que je passerai au second tour et resterai maire du Lamentin.
LCG : Vous n’envisagez pas de prendre contact avec Lucette Mérabli ou encore Daniel Juliard ?
J.T. : Je n’ai pris contact avec personne et je ne les humilierai pas en le faisant. Ce sont des citoyens, ils savent ce qu’ils doivent faire en tout respect et en toute honorabilité. Je n’irai pas leur manquer de respect en quémandant des voix.
LCG : Votre adversaire au contraire dit pouvoir mobiliser des voix pour garder son avance dans certaines sections déçues du bilan de votre mandat, qu’en pensez-vous ?
J.T. : Je n’ai pas d’adversaire, mais des concurrents. Dimanche encore, au bureau de vote de Blachon nous discutions de manière posée, ce qui a étonné beaucoup de gens. Nous sommes des citoyens et nous nous parlons et nous disons des choses même méchantes mais poliment. Ensuite, je suis convaincu qu’il est arrivé à son maximum. Il n’ira pas plus loin, le seul qui peut encore grappiller des voix, c’est moi et je vais m’employer à cela. Dans notre réunion de campagne, mon équipe et moi avons mis en place un plan de bataille, je leur ai donné des pistes qu’ils exploiteront, nous ferons ce que nous avons à faire.
LCG : C’est un excès de confiance d’une partie de votre électorat qui vous a mis en difficulté ?
J.T. : Je le pense très sincèrement. Les gens vous portent une confiance extrême et estime que leur vote n’est pas nécessaire à votre élection, puisque vous bénéficierez du soutien de toute la population. Résultat des courses : vous êtes en difficulté. D’autres estiment que vous êtes déjà passé. Je connais les gens, je sais qui n’a pas voté, je sais que mes propres connaissances n’ont pas voté. Mais au second tour, nous ferons en sorte que les choses se passent au mieux.
COMME UN DIMANCHE D’ÉLECTION
José Toribio se cogne contre un sapotillier et vacille
Les élections municipales sont en Guadeloupe un moment fort. De ce fait, les bureaux de vote ont tôt fait de se transformer en espaces de vie.
« An pa kontan menm, an vin voté pas’ Toribio ka ekxagéré. Manten dwèt té ja pi douvan ki sa « . Il est 10 heures au Groupe Scolaire du bourg du Lamentin, qui rassemble quatre bureaux dont le centralisateur, et les débats vont déjà bon train. Chacun va de sa propre analyse, examine les chances des candidats, et soupèse leur programme. Les débats sont vifs et on pourrait croire que les avis peuvent changer à l’entrée de l’isoloir. « É Juliard, ka ou ka di ? » demande un homme à un papy endimanché placé juste derrière lui, alors qu’il est à deux mètres de l’entrée du bureau de vote. » Anw… Dareinette ? Sé mari-la ou madanm-la ? Lé yo ké sav an ké vwè si an ka voté » s’exclame le vieil homme, provoquant l’hilarité dans la file d’attente. Malgré, l’atmosphère détendue qui règne, les Lamentinois semblent tout de même avoir compris l’enjeu de cette élection municipale et communautaire, même si le second aspect reste encore un peu nébuleux. À 11 h 15, 130 personnes se sont déjà exprimées sur les 631 attendues pour le bureau n° 1. Soit déjà une participation de 20.60 %. Et dehors, la file s’allonge. À Pierrette, section très politisée et acquise à la cause du candidat Jocelyn Sapotille, l’ambiance est un peu la même, mais beaucoup plus familiale. Les élections sont un peu le moment de revoir des gens que l’on n’avait pas vu depuis longtemps. Aussi quand une vieille dame, quasiment centenaire, mais très éveillée entre dans le bureau, c’est la fête. » Gadé man Intel, ou djok toujou ! Ou vin voté ! Ou ka voté toujou ? » s’exclame une femme identifiée comme une lointaine cousine. » À pa paskè ou pa ka vwè mwen an vin tèbè ! « . Là encore les bureaux sont pleins, il y est même difficile de circuler. Mais tous ne sont pas venus voter. Certains sont là pour profiter un moment et ouvrir un Sénat où la politique n’est pas le seul sujet de conversation. Kamô ka bay. Entre moments de vies et avis politiques, en mi-journée, à Pierrette, la participation s’élève déjà à 22.93 %.
Dépouillement sous tension
À 18 heures, le bureau centralisateur ferme. Suivi, quelques minutes plus tard par les autres bureaux du groupe scolaire. Le dépouillement commence. Alors que la presse remet ses chiffres à jour, les habitants se pressent aux persiennes de la salle pour entendre le dépouillement. Un hardi s’exclame même « Palé pi fô ! » arrachant un sourire à l’assesseur. Très vite, le match s’annonce serré. Juliard et Mérabli sont rapidement distancés dans ce qui prend la forme d’un duel. Pendant tout le dépouillement Jocelyn Sapotille et José Toribio se tiennent à quelques voix. Dehors un citoyen laisse échapper » Woy ! Zafè cho « . Son comparse, un pro Toribio, murmure un rageur » Dèpi ki tan Sapotille ka fè vwa an bou-la ? » À la fin du comptage le score est de 219 pour Toribio à 174 pour Sapotille, 36 pour Juliard et 5 pour Mérabli dans le bureau n° 1. Les urnes des autres bureaux arrivent. Même match, même suspense. Dehors, l’atmosphère n’est plus à la fête. Les militants de Toribio sont tendus. Les urnes de Pierrette et de Blachon plébiscitent Jocelyn Sapotille. La dernière urne saisie est en faveur de José Toribio. Mais cela ne suffira pas. Avec un score de 45.12 % contre 43.44 % Jocelyn Sapotille s’impose au premier tour au Lamentin qui n’aura pas volé le statut de point chaud de ces municipales 2014.
EN GERME
Jocelyn Sapotille raisonnablement confiant
Jocelyn Sapotille se dit confiant pour le second tour des élections du 30 mars prochain. Il pense que l’électorat Juliard continuera à voter pour lui. Par ailleurs, il indique que d’anciens adjoints de José Toribio l’ont rejoint pour le second tour.
Jocelyn Sapotille : Toribio est aux taquets. Il a fait son plein de voix. Mon score est un bond extraordinaire. Aux dernières municipales, j’avais fait 1 500 voix au premier tour. Le score de José Toribio ce sont ses voix plus ceux qui ont l’habitude de le rejoindre au second tour. Car sa liste est une liste d’union avec Luc Jean-Marie et Florent Treil qui étaient candidats en 2008.
Le Courrier de Guadeloupe : Comment expliquez-vous votre score ?
J.S. : Je crois que c’est un transfert des voix de Juliard sur ma candidature. Et ceux qui ont voté affectivement pour elle au premier tour vont continuer le mouvement. Au second tour ce sera un vote politique. Je dois dire aussi qu’il y a un électorat qui s’est mobilisé pour faire barrage à Sapotille parce que Toribio a fait courir le bruit selon lequel j’avais fait alliance avec Juliard. Mais les électeurs savent maintenant que je suis libre, ils viendront me rejoindre.
LCG : Et comment s’annonce le second tour ?
J.-S. : Je suis raisonnablement confiant. J’ai une réserve de voix sur l’électorat de Juliard mais aussi sur celui de Mérabli. Le second de la liste de Mérabli vient conférer avec moi. Les anciens colistiers de Toribio, ceux qui avaient mené la fronde contre le maire, Ramassamy, Kandassamy, Wallace, Tafna Danavin vont appeler à voter pour moi. Ces hommes qui étaient des adjoints de Toribio étaient neutres au premier tour. Ils s’engagent au second en ma faveur.
DONNEUR D’ALERTE
Éric Jalton : La gauche joue avec le feu
Le député-maire des Abymes, élu dès le premier tour le 23 mars dernier est bien sûr satisfait de son score aux élections municipales, mais déplore la guerre qui s’est instaurée entre le PS et le GUSR. Cela fait le lit de la droite explique-t-il.
Éric Jalton : Aux abymes c’est une victoire au premier tour, pleine et totale. Sans équivoque. Le résultat aurait été encore plus important s’il n’y avait pas eu l’affaire Stimpfling sur laquelle l’opposition s’est bien gargarisée. J’augmente mon résultat par rapport à 2008. 46 % contre 54 %, cette fois-ci. L’ensemble des voix de l’opposition a diminué. En termes de chiffre aussi j’ai progressé. 9 000 voix en 2008 et plus de 11 500 en 2014. Bref, c’est un excellent résultat.
Le Courrier de Guadeloupe: Comment analysez-vous le scrutin au niveau de la Guadeloupe ?
E.J. : je crois que la gauche joue avec le feu. Il y a un réveil de la droite. Basse-Terre et Saint-François soit. Mais Vieux-Habitants, Anse-Bertrand n’annoncent rien de bon pour la gauche. J’ai bien peur qu’on ne s’achemine vers le schéma qui avait prévalu avec la déchirure Larifla/Proto en 1992 où une partie de la gauche s’était alliée à la droite et avait installé Lucette Michaux-Chevry à la Région. On observe déjà ce mouvement au niveau des communes. La querelle GUSR/PS est en train de faire le lit de la droite. Le GUSR veut mettre le PS à genoux quitte à faire alliance avec la droite. Ce n’est pas de bon augure. Nous avons la chance que les régionales se déroulent avant la prochaine présidentielle, car imaginez l’élection d’un Président de droite, avec la dynamique qui suit généralement, la gauche aurait pu se retrouver dans les choux. Mais même sans ce cas de figure, je vois venir l’ambiance et le discours. On nous ressortira le mariage pour tous, le chômage, l’évolution statutaire. Croyez-moi, nous ne sommes pas dans une situation où la gauche peut se payer le luxe de se chamailler. C’est un jeu vraiment dangereux.
LE TRAVAIL C’EST LA SANTE
Ary Chalus condamné à rester sérieux
Ary Chalus : Ma victoire c’est la victoire du travail basé sur le respect des Baie-Mahautiens et c’est aussi la victoire des habitants eux-mêmes. Victoire du personnel qui respecte la population en faisant bien son travail. Le score élevé ne me donne pas la grosse tête. Il signifie que 81 % de la population de Baie-Mahault m’engagent à rester sérieux. Je ne regarde donc pas les 81 % mais le travail accompli.
Le Courrier de Guadeloupe : Quel est le prochain challenge ?
A.C. : Le prochain challenge c’est de continuer à travailler pour Baie-Mahault et impulser une bonne dynamique à la communauté d’agglomération Cap excellence. Plus précisément c’est la mise en place du technopôle, c’est la mise en valeur du littoral, la construction de l’école de Calvaire, la réalisation d’une grande salle de spectacle, un gazon synthétique pour le stade, continuer les états généraux de la jeunesse et plus globalement continuer à améliorer les conditions de vie de mes concitoyens en leur offrant le meilleur service public possible.
MUNICIPALES A SAINTE-ANNE
Chronique d’un vent nouveau
À Sainte-Anne, les électeurs se sont déplacés offrant des situations pour le moins drôles. À plusieurs reprises les membres des bureaux ont rappelé à l’ordre des maris qui accompagnaient jusque dans l’isoloir leur compagne. Ils ont presque tous insisté en expliquant que sans eux ce précieux vote ne peut pas avoir lieu. Deuxième incident : un jeune homme, chaussettes, sandales aux pieds et bière à la main, vient s’acquitter de son devoir citoyen. Si le geste est positif, sa familiarité n’a pas manqué d’offusquer une ou deux femmes du bureau. L’après-midi s’est déroulée sans heurts ni affluence. Dès 16 heures, l’activité a repris avec les électeurs qui viennent cette fois en famille. Derniers soubresauts avant la tempête du dépouillement.
Voix après voix : protocoles
Il est presque 20 heures quand les premiers résultats définitifs commencent à tomber. Les militants, feuille et stylo à la main, glanent les résultats. La journée se termine avec trois candidats qualifiés sur les quatre qui se sont lancés dans la bataille.
MUTATIONS A POINTE-À-PITRE
» Nous travaillons pour que Cap Excellence ait une dimension caribéenne «
Jacques Bangou : Les maires qui ont fait bouger leur territoire ont été reconduits par la population. C’est une chance pour l’agglomération que les trois maires aient été élus dès le premier tour. Cela confirme leur crédibilité politique. Cela vaut pour les communes telles que Le Moule ou Saint-Claude où les maires sont élus confortablement dès le premier tour car il y a eu une action relevée par la population.
Le Courrier de Guadeloupe : Êtes-vous toujours en campagne dans Cap Excellence ? Quelle vision avez-vous de la gouvernance de la communauté d’agglomération ?
J.-B. : En tant que maire de Pointe-à-Pitre, je serai en posture de continuer une action très poussée dans Cap Excellence pour défendre des dossiers structurants. L’intercommunalité est indispensable à l’agglomération. La métropole régionale que nous constituons, nous voulons aussi qu’elle ait une dimension caribéenne, mais cela nécessite des efforts constants. Cette politique n’est pas menée seulement à la présidence. J’aurai cet objectif à cœur même sur une place de vice-président. Je continuerai de suivre mes dossiers et de m’impliquer. Si je prends l’exemple de la rénovation urbaine, elle sera portée par l’intercommunalité. Cela représente un milliard d’euros de travaux sur sept ou huit quartiers prioritaires de l’agglomération. Je ne parle même pas de l’eau, de l’électricité, des déchets et du transport. Quant à la présidence, elle doit résulter du meilleur consensus entre les trois maires, cela ne peut se décider maintenant, mais à la suite de nos discussions.
LCG : Maintenant que vous êtes confirmés à votre poste de maire, quels sont les dossiers prioritaires ou en cours sur lesquels vous travaillez ?
J.-B. : Nous avons des actions fortes en cours. Le quartier de Darboussier va émerger. Dans quelques mois son visage changera radicalement . Nous devons aussi terminer la rénovation urbaine que nous avons contractualisée avec l’État dans les trois ans à venir. Cela implique la démolition des tours Gabarre, des barres d’Henri IV et Chanzy et l’émergence des nouveaux quartiers. Nous voulons aussi mener une bataille, car l’image de la ville est ternie par un comportement des Guadeloupéens vis-à-vis des encombrants dans les quartiers du bourg du bourg et centre bourg. Nous avons des remontées de la population et nous avons décidé de sévir par des actions coup de poing pour pouvoir prendre en flagrant délit ceux qui vont à l’encontre des arrêtés. Tout cela soutenu par une grande campagne d’explication et d’amélioration des encombrants. Au-delà de cela, l’un de nos grands projets c’est l’aménagement de la façade maritime du port de croisière jusqu’à Carénage. Nous lançons d’ailleurs un concours d’architecture pour l’aménagement du rivage urbain.
IBO SIMON
Pourquoi je demande pardon à Jacques Bangou
Il n’y a aucune honte à reconnaître ses erreurs en tout cas moi cela ne gêne pas. Je demande donc pardon à Jacques Bangou pour m’être impliqué dans cette campagne électorale des municipales. Je demande pardon d’abord parce que je n’ai pas tenu la promesse que j’avais faite de ne plus me mêler de politique. Mais j’ai voulu faire plaisir à Madame Thomazaud qui m’a dit que je ne pouvais pas ne pas aider Durimel. Que je n’avais pas le droit de rester inerte. J’ai cédé par affection. Je n’aurais pas dû. Mais mon principal regret est ailleurs. J’ai pris mon bagage avec un porte-voix, tout seul, j’ai sillonné Pointe-à-Pitre. J’ai interpellé les habitants. Il faut changer, il faut changer. J’ai rejoint Durimel dans ses conférences. À peine une quinzaine de personnes assistaient à ses réunions. À mon arrivée, tout de suite les gens sont sortis de chez eux. Je sais qu’ils sont surtout venus écouter Ibo Simon. Ils n’étaient pas là pour la politique. Mais puisqu’ils étaient venus, il fallait en profiter pour faire passer le message politique ! Mais il s’est passé tout le contraire. Et j’en conclus que Durimel ne voulait pas gagner. Les quelques vérités que j’énonçais lui ont fait peur. Finalement il m’a dit de rester chez moi. Je n’ai pas senti chez cet homme une volonté de gagner. Un peu comme s’il avait déjà rendu les armes avant d’avoir combattu. Alors oui je regrette de n’avoir pas tenu ma promesse de me tenir à l’écart de la politique. Et si Jacques Bangou n’est pas parfait, au moins lui, il a envie de faire ce qu’il fait. Il s’en donne les moyens et ceux qui se déplacent pour aller voter lui font confiance. Donc tant pis pour tous ceux à qui il ne plaît pas mais qui restent quand même chez eux les jours d’élection. Jacques Bangou, je te demande pardon de n’avoir pas tenu ma parole.
PAR IBO SIMON
L’exode, oui mais… Fuir sa terre natale, quitter son pays, ses parents, ses amis, c’est déguerpir et chapé kò aw, abandonner l’endroit où on est né. C’est difficile. Ce n’est pas simple. C’est même pénible. Je comprends ça. Oui ça me touche. Oui, il faut aider ces gens-là.
Avec eux nous devons être bons généreux, charitables, les prendre en considération. Ils peuvent être Chinois, Arabes, Allemands, Dominicains, Dominiquais, Trinidadiens, Brésiliens, Cubains. Lé pèp, bref nous nous devons d’accueillir toutes les nations du monde. Mais ces gens doivent savoir que notre pays a des lois, des règles, un art de vivre. Leur premier devoir c’est de respecter nos règles de vie. Ne pas faire ce qui n’est pas admis, même si dans leur pays d’origine ce qu’ils font est admis.
Moun ka di Ibo c’est le Guadeloupéen le plus raciste, kè an pa enmé étrangers.
C’est faux !
Je demande seulement que les gens qui viennent ici se comportent bien.
La vie est déjà difficile.
S’il faut en plus ajouter à nos voyous d’autres voyous… Ce n’est pas la peine.
PERSPECTIVES
La ferveur municipale
N’en déplaise aux pessimistes et pourfendeurs de la vie politique, la démocratie locale est en forme et le montre. Le premier tour des élections municipales en Guadeloupe avec un taux de participation convenable mais surtout un taux remarquable de reconduction des maires en place démontre que les citoyens adhèrent aux politiques menées sur leur territoire. Le grand nombre de listes et de candidats venant de tous horizons avait d’ailleurs déjà indiqué que le civisme et l’engagement politique étaient en progrès et promettait un certain renouvellement des élites municipales. Quelques villes ont donc de nouveaux maires (La Désirade, Vieux-Fort, Anse-Bertrand, Terre de Bas), et d’autres gardent leur maire en place. Ces maires sortants candidats et réélus ont su démontrer qu’il y avait une différence entre leur candidature et celle de leurs concurrents. D’autant que leurs challengers étaient nettement moins connus voire aguerris politiquement. Ils ne bénéficiaient pas en outre de la force de frappe d’une mairie, d’un appareil de parti, avec des militants en nombre. Sans compter cette réalité incontournable que le maire en place est généralement en campagne pendant toute sa mandature. De plus, certains de ces candidats avaient réussi à agréger derrière eux les adversaires d’hier dans des alliances parfois contre-nature d’un point de vue partisan et idéologique mais diablement efficace. Cette stratégie » one shot » annonce clairement, tout comme le grand nombre de » sans-étiquette « , une dynamique de plus en plus présente dans le paysage politique local : celle de la fusion des énergies au détriment des querelles et oppositions partisanes traditionnelles. L’intercommunalité en est d’ailleurs un témoignage édifiant. C’est aussi une reconnaissance de la qualité du travail des maires en place qui est manifestée puisque quinze ont été réélus au premier tour, et avec une vraie mobilisation d’un électorat convaincu. Avec un bien meilleur encadrement administratif, plus de concertation avec les forces vives et les universitaires, et un meilleur management des ressources humaines, les municipalités et leurs maires épousent avec succès la cause du développement territorial et ses défis inhérents à la modernité et au progrès. Les élections municipales sont aussi des joutes épiques et celles-ci sont historiques. Avec la victoire quasiment déjà culte mais attendue de Lucette Michaux-Chevry à Basse-Terre, d’Ary Chalus à Baie-Mahault (l’un des maires les mieux élus de France avec plus de 81 % des voix), du retour gagnant et tonitruant d’Aramis Arbau dans l’ex-fief de Victorin Lurel, de la victoire décisive de Louis Molinié à Terre de Haut, mais aussi de l’échec du patron du PS local : Max Mathiasin à Deshaies et de Eric Rayapin à Saint-François, la gauche socialiste en Guadeloupe enregistre un revers sévère dans ce premier tour qui amorce une bouffée d’oxygène pour la droite locale. Mais il reste le deuxième tour, qui va certainement nuancer ce constat évident. Les duels seront épiques, les tractations et désistements surprenants à coup sûr, et les résultats à venir vont donc eux aussi produire leur lot de continuité et de changement politiques, ce qui est le propre d’une vie démocratique saine et équilibrée.
COURRIER PARLEMENTAIRE
A lonesome cow-boy
Même s’il a annoncé qu’en 2017 qui verra la fin des cumuls de mandats, il choisira celui de maire plutôt que celui de député, Ary Chalus reste pour l’instant le plus interventionniste des parlementaires guadeloupéens. Se démenant sur tous les dossiers, le député-maire de Baie-Mahault tire un bilan mitigé des premiers mois de la nouvelle mandature. C’est qu’il se sent un peu seul…
Les Ultramarins solidaires mais pas assez…
Je pense avoir fait mon travail, en posant un nombre incalculable de questions au gouvernement et en participant tous les mois à la commission culture, éducation, enseignement, recherche et sport – c’est vaste ! J’ai été le premier à alerter sur le dumping social et nous avons obtenu des avancées. J’ai accompagné les propositions contre la vie chère, le carburant… On réussit quand tous les partenaires ultramarins travaillent ensemble. Avec la crise financière mondiale, on ne parviendra à trouver de bonnes solutions pour l’outre-mer que si les parlementaires d’outre-mer sont solidaires. Or on aurait dû l’être davantage pour demander à l’État de mieux prendre en compte les difficultés dues à l’éloignement.
et les hexagonaux encore moins
La délégation aux Outre-mer a toute sa place. Le président Fruteau fait du bon travail, mais il n’est pas assez soutenu et les députés hexagonaux ne sont pas assez présents, idem dans l’hémicycle : on ne nous prend pas sérieusement en compte. L’outre-mer suscite une grande indifférence. Si nous n’en parlons pas, on n’en entend pas parler. On ne voit jamais les députés ultramarins dans des émissions à la télévision, qui est pourtant regardée par des millions d’ultramarins en France. Quand lors des primaires UMP la Polynésie a été oubliée dans les comptes, aucun média national n’a songé à interroger un Ultramarin !
Deux poids deux mesures
Face à la délinquance, on aimerait que les forces de l’ordre soient renforcées aussi vite qu’à Marseille ! Et quand il y a un problème, un mot du ministre serait bienvenu, pour dénoncer, encourager, soutenir la famille, il n’est pas obligé de se déplacer tout le temps, il y a la radio, la télé… Les aides à l’agriculture, à la pêche, ne sont pas les mêmes en Guadeloupe qu’en Bretagne où les entreprises bénéficient d’un accompagnement financier. L’outre-mer les mérite aussi, ces aides.
Manque de consultations…
J’ai demandé que soit revue la loi sur le littoral, qui n’est pas adaptée à l’outre-mer. Nous avons de beaux projets à Baie-Mahault, Sainte-Rose, mais il faut des années pour recevoir les autorisations de l’État. Les décisions sur l’université sont prises sans nous consulter et risquent de mettre à mal demain l’avenir de certains étudiants. Le projet de loi sur la biodiversité fait courir un risque aux TPE, on aurait vraiment aimé être associé en amont, qu’on nous demande notre avis ! Je suis aussi de près le dossier numérique, pour qu’on nous considère comme de vrais acteurs.
… et d’adaptations
Il y a des adaptations à mettre en place, des examens qu’on pourrait faire passer directement chez nous, une priorité à donner aux Ultramarins pour les mutations. Il faut aussi apporter des mesures sur le logement pour les familles qui vivent sans eau ni électricité parce qu’elles ont construit sans permis sur des terrains familiaux ; un branchement, ça se fait et ça se défait et c’est important pour la scolarité des enfants d’avoir accès à la télévision, à un ordinateur.
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