Sainte-Marie, Capesterre Belle-Eau, juillet 2025. Le paysage est apocalyptique. Là où les flots berçaient autrefois les barques de pêcheurs, s’étendent aujourd’hui d’épaisses couches de sargasses putréfiées. Le port de pêche de Sainte-Marie est littéralement enseveli sous les algues brunes toxiques, qui immobilisent les embarcations depuis des semaines. Une image saisissante témoigne de cette réalité : des bateaux échoués sur un tapis noirâtre, amarrés à un quai déserté. Le silence règne dans le quartier devenu tristement célèbre.
Sous un carbet voisin, un vieil homme écoute sa radio en silence cette veille de week-end. Dans une atmosphère irrespirable, il « prend son frais », comme on dit ici. Le regard perdu, il semble incarner cette nostalgie douloureuse d’un lieu qui n’est plus ce qu’il était. Les gaz émis par la décomposition des sargasses – sulfure d’hydrogène, ammoniac – rendent la situation insoutenable.
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C’est justement l’objet d’une initiative transatlantique : le député breton Mickaël Cosson et son collègue guadeloupéen Olivier Serva ont mené une mission parlementaire flash sur la valorisation des algues. En Bretagne, où les marées vertes sont monnaie courante, la justice a reconnu l’inaction de l’État. Cette mission espère tirer des leçons croisées : transformer un fléau en ressource.
Mais en attendant, à Sainte-Marie, les sargasses continuent de gagner du terrain, pendant que le silence des barques clouées au sol résonne comme un cri d’alarme.
Depuis 2011, les côtes antillaises et guyanaises font face à des échouements plus ou moins importants d’algues sargasses, avec des pics ces dernières années. Le phénomène pose des problèmes sanitaires en raison des dégagements de gaz nocifs pour la santé (sulfure d’hydrogène, ammoniac) issus de la décomposition de ces algues, mais également environnementaux et économiques, ainsi que des problèmes logistiques pour évacuer des tonnes d’algues échouées.
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