À sept mois des prochaines élections régionales, la course au fauteuil de président de l’assemblée régionale est déjà lancée. Certes, pour l’heure, officiellement, à part peut-être Victorin Lurel qui ne cache pas qu’il est candidat à sa succession, personne ne s’est véritablement déclaré. Pourtant, les prétendants ne manqueront pas. Je n’évoque pas ici tous ceux qui se croient obligés de faire acte de candidature à chaque élection qui se présente. Ceux-là appartiennent au décorum de la vie politique en Guadeloupe. Plus sérieusement, dès le lendemain des élections départementales, une petite musique insistante s’est installée. Ary Chalus serait volontaire pour conduire une liste aux régionales. Le député-maire de Baie-Mahault s’apprêterait donc dit-on à relever le défi. Il faut dire qu’autour de lui, chacun s’évertue à lui prodiguer un avenir prochain florissant. Le GUSR semble l’avoir déjà désigné pour venger Jacques Gillot, et le député-maire de Baie-Mahault se sent de plus en plus l’âme d’un champion. L’attelage qu’il conduirait pourrait se renforcer grâce à l’apport de ce qui reste de la gauche alternative. De fait pas grand-chose de l’arrimage du parti socialiste guadeloupéen – en réalité de José Toribio — Pourrait se joindre Jean-Philippe Courtois, ambition Guadeloupe et tous ceux qui pour une raison ou une autre, rêve de déchouquer Victorin Lurel. L’idée de rassemblement pourrait prospérer. Surtout si la droite se met, elle aussi, dans les mêmes souliers. L’équipée paraît fort séduisante même si à droite, les sensibilités sont fort différentes, et qu’une bonne partie de cet électorat – pas forcément les états-majors d’ailleurs – n’est pas du tout tentée par ce qui fait l’ADN du GUSR à savoir, l’évolution statutaire ou l’assemblée unique. Ce qui veut dire qu’une union sacrée à droite, dans le but de faire corps avec le rassemblement, peut ne pas donner grand-chose électoralement. Par ailleurs, l’idée de rassemblement, si elle est séduisante quant au concept, comporte en elle-même quelques faiblesses, surtout si on la replace dans le contexte politique immédiat. On peut se rassembler pour être plus fort. Toutefois, se rassembler c’est reconnaître aussi que, pris seuls, les différents composants du rassemblement ne déploient pas une force extraordinaire. Or, au vu des dernières élections départementales qui se sont déroulées au mois de mars dernier, on peut dire que le noyau dur de cette coalition, en l’occurrence le GUSR, ne donne pas les gages d’une forme olympique. Même si dans l’analyse, il faut tenir compte de l’incidence locale, globalement, le GUSR qui avait pourtant impérieusement besoin de progresser pour bien figurer dans cette élection, a plutôt reculé. Par ailleurs, si on évalue les réservoirs de voix en termes d’implantations ou d’ancrage politique sur tout le territoire, le rapport de force est plutôt favorable à Victorin Lurel. Abymes, Lamentin, Sainte-Rose, Moule, Sainte-Anne, Marie-Galante, Saint-Claude, Port-Louis, Petit-Canal, Pointe-Noire, Trois-Rivières, mais aussi Deshaies, puis Capesterre Belle-Eau et Anse-Bertrand qui ont pratiquement viré casaque. Dans l’autre camp reste Baie-Mahault, Gosier, Petit-Bourg, Vieux-Habitants, Bouillante. Ajoutons Saint-François et Gourbeyre pour faire bonne mesure. On est encore loin du compte, même si la politique n’a rien à voir avec l’arithmétique. Reste à évaluer l’équation personnelle d’Ary Chalus à laquelle il croit dur comme fer. Vrai, la plupart des sondages ont donné au député-maire de Baie-Mahault une cote de popularité que pourrait lui envier nombre d’élus. Toutefois, être populaire ne se traduit pas toujours en intention de vote. Laurent Fabius par exemple a la meilleure cote de popularité des personnalités de gauche. Il n’a pourtant aucune chance d’être le futur président de la République. Et puis, il y a la campagne à venir. Et sur ce chapitre Victorin Lurel demeure un redoutable client. Mais décembre est encore loin.
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