Administrateur brillant, homme d’écoute. Christian Gatoux cumulait les qualités. Selon ses collaborateurs et ses pairs, il était aussi un meneur d’hommes hors du commun. Parcours.
« Les Guadeloupéens ont le devoir de se retrouver quelles que soient leurs différences et quels que soient les sujets sur lesquels ils peuvent être en désaccord ». Nous sommes le 25 janvier 2020, devant la mairie de Baie-Mahault, Christian Gatoux, directeur des services de Cap excellence exténué, lâche ces mots devant les cadres de Cap excellence qui l’accompagnent. Il vient de conduire en 24 heures, 12 heures de négociation entre le maire de Baie-Mahault et le syndicat UTC-UGTG dans le conflit qui les oppose depuis le 6 janvier. Le négociateur ne doute pas une seconde qu’il puisse rapprocher les deux parties. Cette conviction chevillée au corps n’étonne pas Pierre Reinette : « Au-delà de ses qualités intellectuelles qui sont grandes, Christian Gatoux montrait calme, détermination et endurance dans tout ce qu’il entreprenait », confirme celui avec qui il a travaillé en tandem. Pierre Reinette était directeur général des services du conseil départemental. À la même époque Christian Gatoux était directeur de cabinet de Jacques Gillot alors président du Département. Christian Céleste directeur d’hôpital à la retraite a connu l’homme dès les bancs de l’université à Bordeaux. Il confirme : « C’est quelqu’un qui savait ce qu’il voulait. En particulier, ce qu’il était venu chercher à Bordeaux ». L’itinéraire professionnel de Christian Gatoux s’étire le long d’un brillant parcours. Sa carrière témoigne de sa volonté d’aller au bout de ce qu’il entreprend. Concours des directeurs d’hôpitaux en poche, il devient directeur adjoint chargé des services économiques au CHU de Bordeaux, puis il est nommé directeur des ressources humaines au CHU de Pointe-à-Pitre. Il devient ensuite directeur de cabinet au conseil départemental, puis directeur général des services à la mairie des Abymes. « Cap excellence dont il sera pendant 11 ans le directeur général des services est son œuvre majeure », selon Christian Céleste. Aux commandes dès la création de l’agglomération centre, Christian Gatoux va la façonner de toutes pièces. Il en organisera toute l’administration et conduira plusieurs réalisations. La zone de Providence était déjà lancée. Avec les présidents successifs de Cap excellence, Jacques Bangou et Éric Jalton, le directeur général des services va la mener à son terme, l’optimiser et en faire une réussite. Cap excellence est aussi la seule agglomération à avoir mis en place un service public des transports. Le tout sous la férule de son directeur général des services. « Les bus Karulis desservent des territoires bien au-delà de l’agglomération. C’est le seul outil dans le secteur du transport public sur toute la Guadeloupe », s’exclame Dominique Biras adjoint au maire des Abymes, conseiller communautaire de Cap excellence. Un autre dossier porte une empreinte forte de Christian Gatoux. C’est Eau d’excellence. « De cette régie, il a tout pensé, tout organisé. Eau d’excellence est la structure la plus performante de Guadeloupe dans un contexte de crise. Et c’est l’œuvre de Christian Gatoux », affirme un cadre administratif de Cap excellence qui requiert la discrétion. Tout le monde n’adhère pas à cette vision des choses. Aux yeux de quelques-uns, Cap excellence dispose surtout de moyens qui font défaut aux autres agglomérations. « C’est sans doute vrai. Mais cela ne veut pas dire que c’est facile. Au contraire, » rétorque Christian Céleste. Il énumère les qualités du président défunt d’Eau d’excellence. « Administrateur avisé, Christian était un organisateur né. Son point fort c’était sa capacité à dénicher les compétences et surtout à les motiver et ça, ce n’est pas donné à tout le monde ». Un ancien collaborateur de Christian Gatoux confirme. « Regardez, il a recruté les meilleurs dont disposait le Siaeag. Les autres auraient pu en faire autant. Si Eau d’excellence s’en sort mieux c’est parce qu’entre autres, le service clientèle est organisé avec à sa tête une vraie pointure,unGuadeloupéen, transfuge d’Eau de Paris » (ndlr Greg Cyprien),insiste le cadre. Georges Boucard, directeur de cabinet à la mairie des Abymes confirme : « Christian maîtrisait l’art du management. Il était doté d’une autorité naturelle. La seule question que se posaient à ceux à qui il donnait une consigne ou qu’il encadrait, c’était comment ils s’y prendraient afin de s’en acquitter avec excellence. J’en sais quelque chose. J’ai vécu cette expérience ». De l’avis de Christian Céleste ce qu’a réalisé Christian Gatoux au niveau de l’organisation de l’agglomération de Cap excellence et d’Eau d’excellence n’a pas d’égal en Guadeloupe. Pierre Reinette, refuse toutefois de cantonner Christian Gatoux à un rôle d’administratif brillant. « Christian Gatoux était un interlocuteur sérieux et fiable aux yeux des services de l’État. L’homme savait aussi chuchoter à l’oreille des élus. Au fil des ans, il était devenu une sorte d’éminence grise redoutable. Dans l’administration, peu de cadres peuvent se vanter d’avoir eu une telle aura ». Christian Gatoux est mort le 23 octobre des suites de covid-19. Il avait 68 ans.
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