Ce 23 octobre, les photos d’un agriculteur qui cultive en trois dimensions des plants de fraises dans le village de Qianfota, ville d’Anqing, province d’Anhui (est de la Chine) mettent les projecteurs sur une expérimentation pilote de la politique agricole ambitieuse de la Chine.
Face à des défis croissants en matière de sécurité alimentaire, de disponibilité de terres arables et de développement rural, l’empire d’1,5 milliards d’habitants cherche à moderniser ses pratiques agricoles. Parmi les solutions explorées, l’agriculture en trois dimensions émerge comme une méthode pleine de promesses. Celle-ci optimise l’utilisation de l’espace agricole par la culture sur différents niveaux.
L’économie de l’Anhui est à la traîne par rapport à de nombreuses autres provinces de l’est chinois en raison d’une plus forte concentration d’agriculture à faible productivité et d’un secteur des services moins développé. En 2023, le PIB par habitant de la province de l’Anhui est estimé à 66 000 yuans (environ 9 200 dollars), contre 150 487 yuans (environ 21 000 dollars) pour sa voisine province de Jiangsu. Le PIB des Anhuiens est également inférieur de 33,2 % à la moyenne du pays (13 772 dollars ou 94 429 yuans).
Sécurité alimentaire
L’agriculture en trois dimensions consiste à organiser les cultures de manière verticale ou sur plusieurs niveaux, pour réduire l’emprise au sol, gérer plus efficacement les ressources comme l’eau, l’énergie et les intrants agricoles, contrôler les inondations, maximiser la productivité par mètre carré. Dans la province d’Anhui, les agriculteurs plantent notamment des fraises, des raisins et des fruits du dragon selon ce modèle.
Le rendement de certaines cultures a augmenté de manière significative par rapport aux méthodes traditionnelles, un facteur crucial, alors que les terres agricoles disponibles diminuent.
Le gouvernement chinois considère cette technique comme partie intégrante de sa stratégie de revitalisation rurale. À l’échelle du pays, l’objectif est de promouvoir des pratiques agricoles durables, technologiquement avancées et économiquement viables, pour améliorer les revenus des agriculteurs et stabiliser la sécurité alimentaire.
L’automatisation et l’intelligence artificielle, afin d’optimiser les plantations et de compenser les pénuries de main-d’œuvre dues à l’exode rural et au vieillissement de la population, sont de plus en plus intégrées.
Nonobstant ces avancées, la Chine reste en deçà des niveaux de productivité agricole des pays industrialisés tels que les États-Unis et les Pays-Bas. Pour combler cet écart, les autorités misent sur des investissements accrus en recherche et développement, ainsi que sur des améliorations continues des infrastructures rurales, notamment les systèmes d’irrigation et les réseaux numériques.
Au-delà de la rentabilité économique, l’agriculture en trois dimensions s’inscrit dans une démarche de sécurité alimentaire et de développement durable. Le pays cherche à réduire sa dépendance aux importations de denrées alimentaires, qui représente actuellement 30 % de la consommation nationale. L’initiative du gouvernement chinois dans les campagnes de l’Anhui a également inclu la construction de routes d’accès et de canaux d’irrigation, la réhabilitation de petits barrages, la construction de 11 marchés agricoles, de 29 bases de production agricole pour les produits locaux, d’une usine de transformation, de trois entrepôts de stockage et de deux centres d’exposition. Le projet a également soutenu le fonctionnement de 19 associations agricoles et la formation de plus de 4 800 agriculteurs aux nouvelles technologies agricoles.
La politique de modernisation de l’agriculture chinoise vise à combler l’écart de revenus entre zones urbaines et zones rurales. En 2023, le revenu par habitant des résidents urbains en Chine s’élevait à 51 821 yuans (environ 7 050 dollars), avec une augmentation de 5,1 % par rapport à l’année précédente. Pour les résidents ruraux, le revenu par habitant atteignait 21 691 yuans (environ 3 000 dollars), ce qui représente une hausse de 7,7 %.
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