Le match France/Canada de Coupe Davis domine l’actualité en Guadeloupe. Voilà bien dix jours que Yannick Noah et son équipe se sont installés sur place. Ils partagent leur temps entre leur hôtel à Gosier et le vélodrome de Gourde-Liane à Baie-Mahault. L’impact de l’événement est déjà conséquent. Une compétition internationale dans une discipline sportive que s’arrachent les télévisions, c’est toujours payant. Qu’elle soit de surcroît organisée sous les tropiques avec toutes les polémiques qu’elle a pu susciter a de quoi la rendre encore moins banale. Et voilà que les organisateurs, la Fédération française de tennis, la Ligue de tennis de Guadeloupe et surtout le charismatique Yannick Noah se mettent à communiquer de la manière la plus accomplie et la plus juste qui soit. Le transport de la terre battue, les problèmes liés aux infrastructures, les délais drastiques de réalisation : un sans-faute. De quoi engranger encore sur l’air » non seulement nous savons réaliser l‘essentiel mais nous sommes aussi capables d’exploits ou de prouesses techniques « . Le summum de cette communication pour l’instant maîtrisée de façon magistrale, c’est le cadeau offert à plus de deux mille enfants invités à assister mercredi 2 mars aux entraînements des joueurs de l’équipe de France.
Un coup fabuleux. Surtout si l’on ajoute que les organisateurs ont eu la bonne idée de ne pas restreindre ce privilège aux seuls licenciés du Tennis. Les enfants sont venus de partout. De Vieux-Habitants, Goyave, Capesterre Belle-Eau, Abymes, Gosier, Lauricisque, Chemin neuf, Sainte-Rose etc. Beaucoup n’étaient jamais venus au vélodrome. Pas sûr pourtant qu’aucun de ceux qui étaient au vélodrome mercredi 2 mars n’égale un jour les exploits des Tsonga, Gasquet, Monfils ou Simon. La magie a opéré l’espace de deux heures. Des enfants guadeloupéens ont vu en vrai, un spectacle où ils étaient les seuls invités d’honneur. À cet âge-là – une dizaine d’années- les gamins savent obscurément à quel moment, la société leur accorde une quelconque considération. La séquence du mercredi 2 mars peut s’intituler : » de l’art et de la manière d’associer une population à un événement importé de toutes pièces « . Du grand art !
La Coupe Davis tient le haut du pavé. Mais ce n’est pas par défaut qu’elle transcende. Des sujets, l’actualité en regorge. Le centre de géothermie de Bouillante est sur le point d’être vendu à des Américains. Cela n’a pas l’heur d’émouvoir grand monde. Surtout pas nos élus qui observent un silence religieux sur la question. Les Guadeloupéens pourraient avoir au moins leur mot à dire. Deux mois après les résultats des élections régionales et une campagne électorale âpre, la compétition politique est de retour. Aux Abymes, la course aux législatives est lancée. Rosan Rauzduel candidat déjà désigné par son camp, Dominique Théophile qui rêve tout haut à la députation, et sans doute aussi Olivier Serva qui dit pour l’heure se dévouer entièrement à son mandat de conseiller régional sont déjà sur les rangs. Avec cela, le dossier de l’eau a pris le temps de faire une halte. Une de plus. Sans pour cela que se soient tues les polémiques qui l’agitent. Le MEDEF Guadeloupe de son côté a sorti un discours lénifiant autour de l’égalité réelle où la défense de l’emploi est lourdement mise en avant. Or, c’est Jacques Attali économiste réputé qui ne passe pas vraiment pour être un collectiviste qui le dit : » L’objectif des entreprises ce n’est pas de créer des emplois mais de faire du profit. » Les emplois ne sont que des passages obligés. Ce qui d‘ailleurs est fort logique. François Hollande peut mesurer à quel point il s’est planté en croyant que le patronat allait créer des emplois moyennant des exonérations de charges ou d’impôts. Il n’y a jamais eu plus beau marché de dupes.
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