La Guadeloupe est un pays sous-équipé. Sous-développé rétorquent d’aucuns. C’est vrai en ce qui concerne la distribution de l’eau potable. C’est vrai en matière de transport public, c’est vrai dans le domaine des déchets. Il y a d’autres carences. Les précitées les transcendent toutes, parce que cruellement évidentes et insupportables. La résurgence du chlordécone dans l’actualité et la crise sanitaire provoquée par l’incendie du CHU, ont rajouté une couche au tableau désastreux de nos handicaps. Dénoncer cette situation n’a pas contribué à changer les choses. Les responsables ont fait le dos rond. C’est là l’illustration de notre prédisposition à l’évitement. L’autre réflexe régional consiste à pratiquer le jeu puéril du « ce n’est pas moi c’est lui« .
Il est temps de changer la grille d’introspection sociétale. Au lieu de dénoncer pêle-mêle, de chercher des boucs émissaires, il devient pertinent de se demander pourquoi on en est là. Appliquons à la crise de l’eau la méthode. Posons la question qui dérange : Pourquoi les réseaux n’ont-ils jamais été renouvelés, alors que, répètent certains, la Générale des eaux prélevait une taxe à cet effet ? Dans le contrat qui liait le fermier au représentant des communes, à savoir le Siaeag, l’article qui traite du sujet stipule que la taxe prélevée est destinée à réparer les réseaux. Non à les renouveler. Ce sont les communes qui doivent les remplacer. Partant, cette mission incombait au Siaeag. Pourquoi ne l’a-t-il pas fait ? Parce que pourrait répondre le Siaeag, « depuis la fin de la délégation de service public (DSP) de la Générale des eaux, cette dernière chargée de la facturation des abonnés ne l’a pas fait. J’ai été privé de recettes ».
La Générale des eaux a prétexté un bug de son logiciel de facturation. La multinationale numéro un mondial de l’eau, ankylosé pendant trois ans ? À d’autres… Que je sache, ce bug n’a eu des effets néfastes qu’en Guadeloupe. Cet épisode explique aussi les factures exorbitantes aux abonnés. Pourquoi la Générale des eaux s’est-elle retirée du jeu ? Parce que le marché n’est plus aussi juteux si les réseaux continuent à fuir de partout. D’autant que la période DSP où ses gains n’étaient pas contrôlés est révolue. L’éclairage apporté grâce aux pourquoi ne résout pas le problème. Il peut mettre fin aux inepties proférées. Il peut surtout permettre aux élus de ne pas répéter les mêmes erreurs.
Poster un commentaire