Le premier tour de l’élection présidentielle qui se joue le 9 avril (le 10 dans l’Hexagone) compte 12 bulletins de vote alignés dans les bureaux. Au cœur de la campagne orchestrée pour les candidats, qui sont les représentants de l’Outre-mer ? Qui sont les Guadeloupéens ? Lesquels sont influents ?
Valérie Pécresse (Les Républicains) est sûrement la candidate à l’élection présidentielle qui fait la plus grande place aux Ultramarins. Dans son équipe figurent deux députés réunionnais : Nathalie Bassire et David Lorion. Ce Dernier est responsable du pôle Outre-mer de la campagne de la candidate, avec le Guadeloupéen Patrick Karam qui assure par ailleurs le porte-parolat de la candidate sur les plateaux des chaînes infos nationales. La Guadeloupéenne Babette de Rozières restauratrice à Paris était elle aussi sur les rangs. Depuis elle a claqué la porte. Non sans avoir critiqué sévèrement la campagne de Valérie Pécresse et son directeur, Patrick Stéfanini. De ces quatre personnalités, Patrick Karam compte parmi les plus connus de Guadeloupe voire d’Outre-mer. Il n’a jamais été élu dans son territoire d’origine. Toutefois, pour avoir maintes fois défendu les intérêts des originaires d’Outre-mer et médiatisé ses actions, Patrick Karam a réussi à se faire une notoriété auprès des Ultramarins. Il a été nommé délégué interministériel pour l’égalité des chances des Français d’Outre-mer par Nicolas Sarkozy, alors président de la République. Il est aujourd’hui vice-président de la Région Île-de-France.
Le Réunionnais Younous Omarjee est l’autre personnalité ultramarine forte parmi les équipes des candidats de cette élection présidentielle. Au rayon des qualités, le député européen de La France insoumise (LFI) coche selon les observateurs de nombreuses cases : compétence, rigueur, sobriété, travailleur. Younous Omarjje a été qualifié en 2018 de meilleur député européen par le très sélectif mensuel The Parliament Magazine. En 2019, il est devenu le premier ultramarin président d’une commission au sein du Parlement européen. Et pas des moindres, celle du développement régional. » Dotée de 370 milliards d’euros sur sept ans, la politique régionale est le premier poste budgétaire européen, devant la politique agricole commune (Pac) » précise un communiqué du député européen. Younous Omarjee inspire Jean-Luc Mélenchon et il a le respect et l’écoute du candidat de LFI à la présidentielle. Ce dernier a expliqué à plusieurs reprises que le concept de créolité d’Édouard Glissant qu’il s’est approprié lui a été soufflé par Younous Omarjee. Depuis, Jean-Luc Mélenchon oppose la créolisation d’Édouard Glissant au grand remplacement du candidat d’extrême droite Éric Zémmour.
Dans l’entourage d’Emmanuel Macron aucun Ultramarin aussi bien dans l’Hexagone qu’en Outre-mer et donc en Guadeloupe n’a l’épaisseur d’un Patrick Karam ou d’un Younous Omarjee. Chez le président-candidat seule l’élue à la collectivité territoriale de Martinique Lydia Beaulieu apparaît à l’organigramme du bureau exécutif d’En marche. En Guadeloupe ceux qui se réclamaient d’Emmanuel Macron au début de son mandat, ou qui se sont fait élire sous la bannière d’En marche, se sont par la suite évertués à éviter cette étiquette. Ary Chalus, premier président de région à avoir en 2017 soutenu le peu connu Emmanuel Macron, s’est toujours défendu d’appartenir à En marche. Les candidats GUSR aux élections municipales en 2020 et aux cantonales de 2021 renient également d’être macronien. Une façon de montrer – en creux – qu’ils n’assument pas la politique déployée en Guadeloupe par le gouvernement et qu’ils n’entendent pas en être sanctionnés par les électeurs. Cela n’a pas empêché 35 d’entre eux de parrainer Emmanuel Macron.
En 2017, Marine Le Pen était arrivé en tête du premier tour de l’élection présidentielle dans les Outre-mer. La Guadeloupe elle, avait choisi Emmanuel Macron (suivi de Jean-Luc Mélenchon, François Fillon et Marine Le Pen). Deux ans plus tard (2019) aux élections européennes avec un taux d’abstention certes élevé (près de 85 %) le Rassemblement national (RN) était passé devant avec sur sa liste la Guadeloupéenne Maxette Pirbakas. Mais l’agricultrice n’a jamais eu d’influence auprès de Marine Le Pen. Sur cnews.fr le 2 février elle dénonçait au RN « des gens incapables de comprendre que les Outre-mer ne sont pas la métropole, qu’il existe une spécificité qui impose parfois de voter différemment« . Le site d’information relate que la députée européenne « ne cache pas non plus son amertume quant à sa non-consultation dans la construction du programme Outre-mer de la candidate RN ». Partie rejoindre l’autre candidat d’extrême droite Éric Zémmour, Maxette Pirbakas est prévue à la tribune du meeting du 27 mars au Trocadéro à Paris.
Le Guadeloupéen Christian Civilise est l’Ultramarin le plus en cour à Europe écologie les verts. Il a été le représentant des Outre-mers auprès du parti pendant cinq ans. Ce qui ne veut pas dire qu’il ait réussi à influencer la vision du Yannick Jadot candidat des verts, sur l’Outre-mer. De surcroît Christian Civilise et Caraïbe écologie les verts ont un poids politique faible en Guadeloupe.
La candidate socialiste Anne Hidalgo est engluée dans les profondeurs du classement des sondages. Si elle avait pu connaître meilleur sort dans cette élection présidentielle elle aurait eu l’embarras du choix. Au parti socialiste les Ultramarins ne manquent pas. Deux d’entre eux, des Guadeloupéens, ont d’ailleurs déjà occupé le poste de ministre de l’Outre-mer : Victorin Lurel et George Pau Langevin.
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