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Macron recompose le paysage politique

Au-delà de ses fréquents rebondissements, alimentés entre autres par le feuilleton Fillon, la campagne électorale en vue de cette élection présidentielle a le mérite d’avoir clarifié un peu plus les positionnements des uns et des autres sur l’échiquier politique. Le processus était déjà en marche à gauche. Il s’est affiché tout au long du quinquennat de François Hollande et a contribué largement à le plomber. Les frondeurs emmenés par Hamon et Montebourg n’étaient pas mus seulement par un quelconque égo hypertrophié. Même si la plupart d’entre eux croient avoir un destin national, ils symbolisent surtout un courant idéologique, des valeurs différentes de celles dont se réclame Manuel Valls. De fait, sous couvert de courants qui nourrissaient le débat au sein du parti, il y a bien longtemps que la famille socialiste avait explosé. À la tête du PS, François Hollande avait réussi à atténuer les braises. Au sommet de l’État, il n’a pas pu les contenir. Elles se sont transformées en dynamite.

La clarification se poursuit avec cette campagne électorale où Benoît Hamon laisse entrevoir davantage d’atomes crochus avec Jean-Luc Mélenchon qu’avec l’aile dite réformiste du PS. Et cette fois c’est surtout une question d’égo qui sépare le leader de la France insoumise du candidat du PS. De son côté Manuel Valls est bien plus proche des idées des centristes de l’UDI que de celles de Benoît Hamon. La droite elle aussi est traversée par des courants. Alain Juppé représente une droite modérée et humaniste. François Fillon se veut radical et s’en réclame. Pour l’heure et en dépit des soubresauts qu’il subit, l’attelage s’est reformé autour du candidat de la droite et du centre. Chacun sait cependant qu’il n’y a au sein du parti Les Républicains qu’une unité de façade. Là encore, il ne s’agit pas seulement des conséquences d’ambitions personnelles démesurées. Alain Juppé et ceux qui le soutiennent n’ont ni la même vision ni les mêmes valeurs que François Fillon. Le scénario à l’œuvre dans cette campagne électorale a consacré les ailes dures de la droite et du PS. Celles qui entendent rassembler seulement si les autres s’alignent. François Fillon n’a pas cessé de faire valoir sa radicalité comme si elle était un label de qualité. Benoît Hamon a du mal à aller à la rencontre des partisans de Manuel Valls, engoncé dans une posture qui lui interdit de ratisser large.

Ce repli sur eux-mêmes des deux champions de la droite et du PS désignés démocratiquement ouvre un boulevard à Emmanuel Macron. À la psychorigidité de François Fillon et de Benoît Hamon, le leader du mouvement En marche ! oppose une élasticité de bon aloi en campagne électorale présidentielle. Il a pris le positionnement du centre et attire dans ses filets des gens de droite et de gauche modérés. De surcroît, l’affaire Fillon lui donne un bon coup de main dans la récupération d’une partie des électeurs de la droite. Reste que la campagne est encore longue. En un mois et demi, bien des événements peuvent surgir. Et puis, tous ceux qui enterrent par avance Marine Le Pen ont tort. Cette campagne électorale ne ressemble à aucune autre. Personne ne peut prédire qui en sortira vainqueur. Le suspense sera de mise jusqu’au bout.

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