Accueil Société « 20 % de la population engage des paris en Guadeloupe »

« 20 % de la population engage des paris en Guadeloupe »

INDICATEUR

Le PMU Guadeloupe a connu une baisse de régime en 2014, mais l’engouement des Guadeloupéens pour les paris repart de plus belle. Les chiffres parlent d’eux-mêmes.

Après avoir accusé une baisse significative en 2014, -7,1 %, le chiffre d’affaires du PMU Guadeloupe repart à la hausse au premier trimestre 2015 (+4 %), selon la direction du PMU Antilles-Guyane. Une progression par rapport à l’Hexagone où la baisse des enjeux tend à se confirmer, -4,1 % en 2014. Xavier Hurstel, PDG du PMU, explique cette perte par la situation économique.  » Il y a à peu près toujours autant de parieurs mais ils jouent moins « , indique-t-il également sur RTL. Le PDG salue en revanche ses bons résultats dans les DOM. En Guadeloupe, le chiffre d’affaires 2014 s’élevait à 137 millions d’euros, c’est nettement plus que les départements voisins : 102 millions d’euros pour la Martinique et 23 millions d’euros pour la Guyane. «  Plus de 20 % de la population engage des paris dans les 96 points de vente que compte le territoire guadeloupéen « , précise Olivier Accard, directeur du PMU Antilles-Guyane. es Guadeloupéens parient plus que dans l’Hexagone ou dans les départements voisins. Ils misent en moyenne 11,29 €. Mais c’est surtout l’augmentation des points de vente qui prévaut. Les Guadeloupéens ne se sont visiblement pas laissé atteindre par la fermeture en 2014 du Baobab, l’emblématique bureau de tabac-PMU de Pointe-à-Pitre.  » En Guadeloupe, quand un point de vente ferme, trois autres ouvrent tandis que dans l’Hexagone de plus en plus de points de vente ferment sans qu’ils soient remplacés « , révèle-t-il. Le PMU n’en finit pas de faire des émules en Guadeloupe.

Où va l’argent du PMU ?

74 % reviennent au joueur sous forme de gain.

10 % sont remis à l’État, ce sont les taxes.

10 % sont reversés aux sociétés de courses France galop et Le Trot.

4 % sont prélevés pour les frais de fonctionnement du PMU.

2 % vont dans les caisses du point de vente.

Record de gain en Guadeloupe en 2015

321,030 : c’est en euros le plus gros gain remporté en Guadeloupe en 2015 à l’heure où nous bouclons cette édition. Il a été remporté le 9 mars pour un Quinté + à 2. Sur ce même type de Quinté, 117 889 € ont été remportés le 14 janvier et 153 033,00 € le 28 mars.

Le gain est-il imposable ?

Non, mais. Ce n’est pas le gain en lui-même qui est imposable mais ce qui est fait du gain. Si un joueur investi, par exemple, dans un appartement avec les sommes gagnées au PMU, il sera soumis à l’impôt sur le patrimoine. Tout dépend également de la situation fiscale du gagnant. Si après avoir encaissé le gain, l’intéressé dépasse le plafond fiscal, il sera soumis à l’impôt sur la fortune.

 

ANALYSE

Raymond Otto :  » Le PMU produit de l’espoir dans un monde de désespoir « 

Sociologue et anthropologue, Raymond Otto dissèque l’engouement pour les paris de courses hippiques dans l’archipel. Au-delà de l’appât du gain, ces courses permettent aux amateurs de se retrouver autour d’une passion commune, mais peuvent aussi provoquer une vision erronée d’un jeu que les parieurs pensent maîtriser…

Raymond Otto : Historiquement, en Guadeloupe, les paris au PMU se développent en même temps que l’arrivée du Revenu minimum d’insertion (RMI), dans les années 90. Le RMI arrive ici comme une somme d’argent d’appoint. Au niveau national, il est censé apporter une réponse au chômage de masse, mais chez nous à cette époque celui-ci n’est qu’apparent, car les chômeurs ont souvent un travail informel avec une rémunération non-officielle. Le RMI alimente donc les caisses du PMU pour ceux qui ne dépendent pas de cette somme d’argent. Ce seront les premiers joueurs.

Le Courrier de Guadeloupe : Qui joue au PMU en Guadeloupe ?

R.O. : Après les pseudo-chômeurs, les prochains à s’y convertir ont été les ouvriers dans le projet illusoire de rendre les lendemains magnifiques grâce aux gains empochés. Puis ont suivi les classes moyennes et certaines femmes dans une approche plus récréative. Les classes plus aisées jouent aussi, mais n’ont pas la même pratique. Elles parient bien plus gros, mais l’impact sur leur budget n’est pas non plus le même que pour les plus modestes. Elles parient aussi dans des salons privés. Actuellement, toutes les catégories sociales jouent. Il n’y a pas de profil type. D’autant plus qu’il y a une transmission générationnelle, et que les jeunes jouent aussi, et de plus en plus.

LCG. : Pourquoi les Guadeloupéens jouent-ils ?

R.O. : La raison première, c’est l’appât du gain. Chacun joue pour des raisons qui lui sont propres, mais tous espèrent gagner de grosses sommes. Mais l’argent n’est pas le seul moteur. Les lieux de paris sont aussi des lieux de vie, où l’on se lie autour d’une passion commune. Le milieu des paris n’est plus un simple jeu, mais une forme de socialisation. Cela devient un espace de rencontre, organisé comme tel, où les gens passent leur journée, avec de la restauration. Plus largement, les jeux d’argent sont un aseptiseur social. En encensant les gagnants et le montant des gains, on fait croire que la redistribution des richesses passe aussi par le hasard, le jeu. Cela produit de l’espoir dans un monde de désespoir. Ce qui peut parfois provoquer de gros problèmes d’argent et finir en addiction… Mais sans ces côtés nocifs, la pratique du PMU fait contrepoids à un isolement social très aigu, notamment pour les personnes âgées. Les joueurs sont très attachés à leur lieu et leurs compagnons de jeux, et y restent très fidèles. Ceux qui ne parient plus continuent même à acheter les revues spécialisées pour se tenir au courant et ne pas perdre ce lien.

LCG. : Pourquoi les joueurs sont-ils aussi nombreux ?

R.O. : Il y a un aspect à prendre en compte et dont on parle peu, c’est le retour des domiens qui travaillaient dans l’Hexagone et qui reviennent maintenant dans l’archipel. Ils jouaient déjà beaucoup là-bas, et ça ne s’arrête pas à leur retour. En Guadeloupe, le secteur, après avoir connu un boom, se structure et se professionnalise. La culture hippique se généralise en Guadeloupe. Les courses à l’hippodrome d’Anse- Bertrand sont maintenant filmées, diffusées, et même promotionnées par le conseil général. Il y a aussi l’apparition de vrais turfistes qui se font rétribuer leurs analyses. Chacun y va même de son propre pronostic. Certains joueurs, pratiquement illettrés, développent pourtant des analyses techniques presque scientifiques très pointues. Nous sommes très loin du joueur des années 90. Cette évolution a été accentuée par l’arrivée de la télévision satellite en Guadeloupe, avec des chaînes spécialisées qui permettent aux passionnés un flux d’information permanent sur le sujet. Ce faisant, ils ont l’impression que ces paris ne sont pas un jeu de hasard, mais qu’en atteignant un certain degré de connaissances, ils gagneront à coup sûr. Ils ont l’impression de maîtriser un jeu, alors que c’est lui qui les maîtrise. La passion dont ils sont imprégnés produit une forme de déréalité.

 

PIONNIER

Le fabuleux parcours de Prévert Mayengo dans le milieu des courses…

Chroniqueur, pronostiqueur, ce Guadeloupéen amoureux de chevaux, est devenu un spécialiste des courses hippiques et patron du journal Tiercé magazine. Itinéraire d’un passionné qui a réussi.

Sainte Rose, du côté de Nolivier, une petite imprimerie sort chaque jour le Tiercé magazine, journal spécialisé bien connu des turfistes.  » Cela fait 24 ans que cela dure « , nous dit Prévert Mayengo l’homme-orchestre de cette aventure,  » et cela va encore durer  » prévient-il. Mais le Tiercé magazine ne traduit pas à lui seul l’incroyable parcours de cet amoureux du cheval. Prévert Mayengo a commencé à s’intéresser aux chevaux et aux courses en Guadeloupe avec les séquences hippiques de l’hippodrome Saint-Jacques à Anse-Bertrand dans les années 1976-1978. Une époque où peu de Guadeloupéens se passionnent pour les courses, le PMU n’est pas encore entré dans nos mœurs. Mais lui a déjà la fibre. Il commente d’ailleurs en direct quelques courses de l’hippodrome Saint Jacques sur les ondes de radio Guadeloupe. Sur les conseils de feu Henri Métro, il gagne Paris. Il a 19 ans. Une fois dans la capitale, il fréquente avec assiduité les champs de courses. Pas seulement en vadrouilleur, mais comme un curieux qui a soif d’apprendre. Les hippodromes deviennent son élément naturel. Les sociétés de course aussi. L’amoureux du cheval veut tout savoir de la vie de son animal fétiche et des courses. Comment est entraîné un pur-sang, une jument, comment sait-on que le cheval est compétitif ? Au bout de quelques temps, Prévert Mayengo devient un vrai spécialiste des courses. Comme il joue aussi et qu’il lui arrive de gagner régulièrement, il devient aussi un excellent pronostiqueur. Du coup, l’homme qui avait déjà fait quelques piges en Guadeloupe s’inscrit au CFJ, l’école de journalisme de la rue du Louvres à Paris. Un beau jour, Luc Laventure lui propose une chronique hippique. À l’époque, Luc Laventure est le grand patron de l’information sur RFO, la toute nouvelle chaîne de télévision des DOM qui diffuse l’information nationale et internationale depuis Paris. Prévert Mayengo tient la chronique hippique sur RFO pendant plusieurs années. Il est aussi un temps pigiste sur France Inter, travaille avec quelques pointures de la presse hippique : André Théron, Lionel Ovadia, Gérard Shirman. Des souvenirs inoubliables dans ce métier, Prévert peut en raconter des tonnes.  » Après l’arrivée du quinté, je suis le premier chroniqueur à avoir donné sur les ondes les cinq chevaux dans l’ordre. Cela ne s’oublie pas  » explique-t-il dans un grand éclat de rire. Parce qu’en définitive, la grande fierté et la grande joie de Prévert Mayengo c’est d’avoir fait gagner beaucoup de gens aux courses. Est-il rassasié ? Non explique-t-il.  » Il y a toujours quelque chose à apprendre au niveau des paris, des jockeys, des entraîneurs. Cela change tout le temps « . Prévert a même été propriétaire de chevaux. Il s’est classé 3ème, 4ème, mais n’a jamais gagné. Que pense Prévert Mayengo de ce petit monde des courses hippiques ?  » C’est une ambiance que j’aime parce que j’aime les chevaux. Toutefois c’est un monde singulier. Ils sont tous joueurs. Entraîneurs, jockeys, propriétaires. Ce qui me fait dire qu’avec eux on n’est jamais sûr de rien. Mais les autres joueurs qui fréquentent les champs de courses sont tout aussi spéciaux. Un jour j’ai donné un tiercé à une dame. Elle a gagné. Je l’ai vu jouer les trois chevaux. Le lendemain quand elle m’a vu elle s’est mise à courir… A-t-il toujours le feu Sacré ? Oui répond Prévert sans hésitation. D’ailleurs précise-t-il, il va reprendre bientôt du service sur un média.

 

PLACER LES LIMITES

Raymond Sargenton :  » Les courses ne rendent pas riche « 

Le journalisme n’est pas toute sa vie. Depuis une trentaine d’années, Raymond Sargenton est pris de passion pour le PMU auquel il consacre au moins deux heures par jour.

Passion ou addiction ? Quand il s’agit de jeux d’argent, la frontière est mince. Appât du gain oblige, le PMU ne fait pas exception en la matière. Raymond Sargenton, célèbre journaliste guadeloupéen aujourd’hui à la retraite, joue au quinté depuis une trentaine d’années. Il se dit passionné mais certainement pas addict. Même si la tentation de jouer tous les jours est grande, il a su placer les limites.  » Il faut cibler les courses, choisir sa spécialité entre le trot, le plat ou l’obstacle et sélectionner les hippodromes « , conseille-t-il. Sinon, n’importe quel joueur se laisserait prendre par la frénésie.  » La difficulté c’est qu’il y a un quinté tous les jours alors qu’avant il y en avait que deux ou trois par semaines « , se souvient Raymond Sargenton. Sans parler du PMU en ligne qui permet de miser en quelques clics et jusqu’au dernier moment. L’époque où les passionnés se levaient de bonne heure pour être à 7 h 50 au bar PMU du coin, n’est pas révolue mais presque. Aujourd’hui, les paris se font de chez soi et, pourquoi pas, en pyjama.

Recherche et analyse

Raymond Sargenton confie s’être laissé séduit par ce mode de jeu. À raison de trois fois par semaine, il se connecte sur et mise environ 43 € sur un quinté de sept chevaux au plat.  » C’est le jeu le plus intéressant en rapport qualité prix « , parle-t-il par expérience. Son plus gros gain se chiffre entre 500 et 600 €.  » Les courses ne rendent pas riche, on ne rembourse pas toujours sa mise « , tempère-t-il. En véritable passionné, il ne laisse aucune place au hasard. Même quand il ne mise pas, Raymond Sargenton suit assidûment les courses. Il consacre en moyenne deux heures par jour à sa passion.  » Je garde tous mes quintés sur un an pour suivre les performances des chevaux, étudier leurs capacités, connaître leur état de fatigue… « , explique-t-il. Un véritable travail de pronostiqueur qui lui permet de repérer les favoris et les outsiders d’une course. Pour Raymond Sargenton, ce n’est pas tant l’acte même de parier qui est passionnant mais tout le travail qu’il faut faire avant.  » Les jeux de hasard ne m’intéressent pas car il n’y a pas de réflexion, ça n’a aucun sens de cocher les dates d’anniversaire de ses proches dans une grille et espérer le jackpot « , dit-il en haussant les épaules.

 

REPORTAGE

Concentration et étude, le PMU une affaire très sérieuse

07 h 30 au bar PMU de la Marina du Gosier. Les commentaires de la course diffusée à la télé sont le seul son qui s’élève dans la petite salle décorée de simples chaises et tables de bistrot. Derrière son comptoir le gérant lave nonchalamment des tasses de café avant de remettre de l’ordre dans les viennoiseries. Face à lui une quinzaine d’hommes concentrés au possible, les yeux rivés sur la course ou sur leur journal. Ils prennent frénétiquement des notes, analysent, parfois marquent leur désaccord sur un pronostic d’un rapide  » tchip « . En réalité, ils rongent leur frein. L’étude studieuse des pronostics ou des antécédents de tel ou tel cheval permet de peaufiner simplement les connaissances qu’ils ont déjà. De toute façon, il reste vingt petites minutes avant la course du matin. Les seules opportunités de dialogue du patron viennent de quelques clients de passage pour acheter un ou deux jeux de grattage avant de se rendre au travail. Eux aussi sont un peu surpris par la tension qui règne chez les joueurs de PMU.  » Po sé mésié pa ka joué, yo consentré la  » ne peut s’empêcher de lâcher un homme. Le patron de rire discrètement,  » chouval la boug an mwen ! kouss la po ko menm pati « . Et effectivement, à huit heures moins dix, le silence déjà bien pesant est à couper au couteau. C’est la course du Quinté. C’est celle qui regroupe et intéresse le plus de joueurs. Impossible de les interroger pour savoir ce qui se passe vraiment, quels sont les enjeux. Pour cela il faut tenter de saisir le jargon hippique des commentateurs de la course.  » Un cheval très régulier qui fait le bonheur des pronostiqueurs, d’ailleurs on le voit à sa côte  » ; « Red Hammer un cheval à la côte en hausse à 16/1« ; «  Attention à ce cheval que l’on fait trop courir et qui selon moi passe par un moment de fatigue « . À cette analyse, un homme en bout de salle, marmonera  » A pa lass i lass sé fèb i fèb  » assorti d’un  » tchip  » bien senti. Les chevaux s’élancent. Pendant bien quatre minutes, on n’entend plus une mouche voler. Quinze têtes sont tournées vers l’écran. Dehors, le monde peut s’écrouler. Ce n’est qu’à l’arrivée des chevaux qu’ils semblent retrouver leur souffle, certains rigolent et vont faire valider leur billet par le patron.  » Je m’améliore, je suis content !  » s’écrie un joueur. Apparemment, les quelques chevaux qu’il suit depuis des mois ont des performances de plus en plus intéressantes.

Une étape dans la journée

Ceci dit, tout le monde ne joue pas. Beaucoup continuent de prendre des notes, écoutent les commentaires, étudient la presse spécialisée, mais griffonnent tout de même l’arrivée de la course sur un bout de papier. Ceci dit, la fin de la course, sonne aussi le départ de tout le monde. Un dernier café, un dernier regard aux pronostics et la plupart des joueurs s’en vont. Le PMU c’est pour beaucoup une étape avant de commencer la journée, ou une pause bienvenue pour ceux qui travaillent dès les premières heures du jour. Déjà à huit heures trente, il n’y a plus que cinq hommes dans le point de vente. Beaucoup plus détendus, ils sirotent un café ou mâchonnent un croissant. C’est d’ailleurs à ce moment qu’ils remarquent une présence étrangère…  » On madanm ka joué, é bé sa pa banal… « 

 

ENJEU

Addicts : une minorité où jeu égal précipice sans fond

L’addiction aux paris hippiques est difficilement évaluable. Ceux qui en souffrent viennent rarement consulter. Ils connaissent pourtant les mêmes symptômes que les autres dépendants, et cachent une même souffrance.

À quel moment est-on dépendant ? Quelle que soit l’addiction, à l’alcool, aux drogues, ou à celles «  sans substance  » la règle est la même :  » Lorsque lorsqu’il y a impossibilité de résister à la pulsion, qu’il n’y a plus de liberté, alors il y a addiction. Dans le cas du PMU, lorsque le jeu devient le centre de la vie, que la personne ne peut s’en passer malgré les conséquences sociales, économiques, sentimentales, psychologiques, alors il est grand temps qu’il se fasse aider « , explique le docteur Francis Ezelin, addictologue au centre de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA) de Basse-Terre.

Tous les joueurs ne sont pas dépendants, loin de là. Il y a le joueur occasionnel, pour qui les paris hippiques sont exceptionnels et à usage festif. D’autres sont simplement des joueurs réguliers, où parier sur des courses de chevaux reste un loisir, sans retentissement sur la vie. À un certain niveau, il paraît qu’il existerait même des joueurs professionnels. Ces derniers n’ont pas de dépendance au comportement en lui-même, leur activité de paris hippiques est à usage lucratif et intellectuel. Et puis il y a les dépendants, où addicts, une minorité pour qui le jeu devient un précipice sans fond. Et pour eux, la descente aux enfers reste toujours la même.

Dépression

Il y a la première phase, celle du gain. Le joueur s’engage dans le jeu par plaisir, pour tenter de gagner de l’argent et résoudre des problèmes matériels, voir fuir des problèmes existentiels. Certains le font même pour tromper la solitude, surtout pour les personnes âgées. Il arrive au joueur de gagner, ce qui décuple son plaisir. La seconde phase est celle de la perte. Le joueur commence à perdre de l’argent. C’est le début de l’engrenage, car il persiste avec une idée fixe : se refaire. Et joue de façon compulsive. Arrive alors la troisième et dernière phase, celle du désespoir. C’est l’aboutissement du processus. Le joueur doit faire face aux conséquences de son addiction… Il tente alors d’arrêter, mais n’y arrive pas.  » Le plaisir du début s’est mué en addiction. Guérir ? Le joueur ne peut y arriver seul. Il doit consulter « , continue Francis Ezelin.

« Le problème, c’est que notre société n’a pas encore pris l’importance de l’addiction au jeu « , analyse l’addictologue. Peu de ces dépendants viennent consulter de leur propre chef, et sont poussés par leurs proches. Sans substance, beaucoup considèrent qu’il n’y a pas vraiment d’addiction.  » C‘est faux. Ces personnes ont besoin d’un vrai traitement, souvent pluridisciplinaire, avec médecins, psychologues, assistantes sociales, comme ils peuvent trouver dans les CSAPA. Le suivi psychologique est très important, car une addiction cache une souffrance et souvent un gros problème de dépression « , insiste Francis Ezelin. Les solutions existent, et sont adaptées à chacun selon son activité, sa personnalité et son degré de dépendance. Et heureusement, car tous les âges, sexes ou catégories socioprofessionnelles sont touchés. «  Il semblerait que les séniors soient plus représentés, mais cela vient peut-être du fait qu’ils sont de plus en plus nombreux « , conclut l’addictologue.

Poster un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.